La droite se déchaîne et c'est bien compréhensible, contre François Hollande. C'est le seul en mesure de battre Nicolas Sarkozy. François Hollande est un homme de gauche, il a la stature d'un présidentiable et il peut, lui, rassembler au deuxième tour pour passer la barre des 50% des exprimés.
Passer la barre des 50% pour gagner et pour pouvoir enclencher une politique nouvelle en rupture avec celle que nous subissons aujourd'hui. La dimension exceptionnelle de la crise renforce ce besoin de ruptures notamment pour sortir de la domination des marchés financiers. Un nouveau type de croissance fondé sur la lutte contre les injustices, les inégalités et pour le développement durable devraient guider les futurs choix économiques, énergétiques, sociaux et démocratiques. Démocratique car la question des questions n'est-elle pas d'en finir avec la dictature des marchés financiers, de redonner aux peuples et aux politiques la maîtrise des destinées humaines?
Il fut un temps où il était question pour les révolutionnaires d'imposer la transformation sociale par la «dictature du prolétariat» -mais le Parti communiste français l'a supprimée en 1976 dans ses statuts. On connaît la suite. Aujourd'hui, c'est par le choix de la mobilisation populaire et démocratique, et par l'audace de rompre avec les logiques qui prévalent, que l'on peut abolir la dictature des marchés financiers. Peut-on ou non taxer les transactions financières à l'échelle européenne ou à l'échelle de plusieurs pays d'Europe et même à l ‘échelle de notre pays sans attendre? Ma réponse est «oui». Les plus grosses niches fiscales résident dans la non-imposition des transactions financières, dans les paradis fiscaux, dans les ventes à découvert.... Les libéraux nous disent «moins d'Etat, moins de services publics», répondons-leur «oui à la dépense utile, oui à l'intérêt général, oui à une nouvelle croissance».
Jean-Luc Mélenchon a des mots susceptibles non seulement de faire perdre la gauche, en méprisant François Hollande et en l'assimilant à Nicolas Sarkozy concernant l'austérité et à la rigueur, mais aussi d'affaiblir les arguments en faveur des changements nécessaires.
Ne reproduisons ni 2002, ni 2007, il faut être présent au deuxième tour et passer la barre des 50% pour gagner. Ce sera serré. Nicolas Sarkozy n'est pas battu d'avance.
Je souhaite que le Front de gauche fasse un score honorable pour pouvoir conforter la victoire de tout le peuple de gauche et pour mieux le mobiliser demain. Pour cela, son candidat ne doit pas mêler sa voix à celle de la droite et être au contraire porteur de valeurs d'union et de transformation sociale.
Par JEAN-CLAUDE GAYSSOT ancien ministre des Transports