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Marylin di Pier Paolo Pasolini

Publié le 15 novembre 2011 par Josepha @josepha45

 


Voix en Poésie un poème de Pier Paolo Pasolini dédié à Marilyn Monroe Du monde antique et du monde futur la beauté seule était demeurée, et toi, pauvre petite soeur cadette, celle qui court derrière ses frères plus grands, et rit et pleure avec eux, pour les imiter, toi petite soeur plus jeune, cette beauté-là tu la portais humblement, et ton âme de fille de petites gens n’a jamais su qu’elle la possédait, sinon il n’y aurait pas eu de beauté. Le monde te l’a enseignée, ainsi ta beauté est devenue sienne. De l’effrayant monde antique et de l’effrayant monde futur la beauté seule demeurait, et toi tu l’as traînée comme un sourire obéissant. L’obéissance demande trop de larmes englouties, de don aux autres, trop de regards joyeux qui réclament leur pitié! Ainsi, ta beauté tu l’as emportée. Elle disparut comme une poussière d’or.Du stupide monde antique et du cruel monde futur demeurait une beauté qui n’avait pas honte de faire allusion aux petits seins de soeur cadette, au petit ventre si facilement nu. A cause de cela il y avait de la beauté, la même que celle des douces filles de ton monde… les filles de commerçants qui remportent les concours de Miami ou de Londres. Elle disparut comme une colombe d’or. Le monde te l’a enseignée, ainsi ta beauté ne fut plus de la beauté .Mais tu étais toujours une enfant, sotte comme l’antiquité, cruelle comme le futur, et entre toi et ta beauté possédée par le Pouvoir prit place toute la stupidité et la cruauté du présent. Tu la portais toujours comme un sourire entre les larmes, impudique par passivité, indécente par obéissance. Elle disparut comme une blanche colombe d’or. Ta beauté qui a survécu au monde antique, réclamée par le monde futur, possédée par le monde présent, devint un mal Maintenant les frères aînés, enfin, se retournent, suspendent pour un moment leurs jeux maudits, se détournent de leur inexorable distraction, et se demandent: “Est-ce possible que Marilyn, la petite Marilyn, nous ait montré la route?” Maintenant c’est toi, celle qui ne compte pas, la pauvre, avec son sourire, c’est toi la première au-delà des portes du monde abandonné à son destin de mort. 1963, traduction de Stefano Bevacqua et Annick Bouleau, publiée dans le hors-série Pasolini cinéaste, Cahiers du cinéma, 1981.


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