" Puis il compris pourquoi de telles idées lui tournaient dans la
tête.
C'était parce qu'il tenait à l'existence de conspirateurs. Il valait beaucoup mieux imaginer des hommes dans une salle enfumée, devenus
fous et cyniques à force de privilèges et de pouvoir, en train de comploter en sirotant une fine. Il fallait s'accrocher à ce type d'image, car on risquait sinon de devoir se rendre à l'évidence,
que les malheurs avaient pour cause des gens ordinaires, des gens qui brossaient le chien et racontaient des histoires à leurs enfants pour les endormir mais étaient ensuite capable de sortir
pour commettre des atrocités sur d'autres gens ordinaires. C'était tellement plus facile de tout leur mettre sur le dos à eux. C'était affreusement déprimant de penser qu'eux
c'était nous. Si c'était eux, alors rien n'était de la faute de personne. Si c'était nous, qu'advenait-il de moi? Après tout, je suis l'un de nous.
Forcément. Je ne me suis jamais vu comme l'un d'eux. Personne ne se voit jamais comme l'un d'eux. On est toujours l'un de nous.Ce sont eux les responsables des
malheurs.
C'était à peu près le moment, dans sa vie antérieure, où Vimaire débouchait une bouteille et ne se souciait pas trop du contenu dès lors que ça
pouvait décaper la peinture..."
Extrait de" Va-t-en-guerre", du génial Terry Pratchett, traduit par Patrick Couton.