Lorsque je la perd de vue, c'est qu'elle est en embuscade.
Lorsqu'elle sourie, c'est pour dégager ses crocs pour mieux mordre.
Lorsqu'elle semble blessée, c'est pour adoucir les défenses pendant qu'elle mature ses perfides attaques.
Je la connais bien. Elle est le contraire de moi. Elle est jalouse de mes atours car elle est laide.
Elle est jalouse de mes amis parce qu'elle est
seule.
Elle est jalouse de mes amants car elle frustrée, elle qui se jette à la tête de tout homme valide et n'essuye que que des
refus.
Elle est jalouse de moi car je suis tout ce qu'elle ne s'autorisera jamais à
être.
Je l'ai longtemps combattue. Quand je croyais qu'elle capitulais, elle se réfugiais dans sa tanière pour préparer une nouvelle perfidie.
Telle une tarentule, elle restais tapie, tissant sa toile de complots et diffamations pour mieux me nuire.
Le combat m'a épuisé. J'ai du capituler car la lutte sans merci avait fait de moi un monstre dans lequel je ne me reconnaissait pas.
J'ai douloureusement mis mon orgueil dans ma poche et j'ai quitté le champ de bataille. Aujourd'hui je soigne mes blessures.
J'ai perdu des êtres que je croyais mes amis. Mais quand les liens de coeur sont véritables, on n'abandonne pas celui qui est dans l'adversité.
J'ai gagné en lucidité sur la nature humaine.
Elle m'a séparé de mon soi-disant maître.
Cela m'a permis de trouver mon maître interieur.
Je te remercie Bête Noire. Grâce à toi j'ai connu
la douloureuse désillusion,
si douloureuse que si tu ne m'y avait contrainte,
je serais restée au chaud dans mon cocon,
les yeux bandés et le coeur voilé.
Je te remercie Bête Noire. Grâce à toi j'ai vu celle que je ne voulais pas être.
J'abandonne la lutte, et te souhaite de ne jamais recevoir ce que tu m'as infligé.
Magazine
Elle est toujours là, tapie dans l'ombre prête à bondir. Il suffit que je relâche ma vigilance pour qu'elle attaque. C'est devenue une guerre des
tranchées, sans aucun instant de trève.