Chose promise, chose due. La question essentielle étant de savoir quels sont ceux qui vont supporter le plus - je dirais presque la quasi-totalité - des efforts demandés aux Français par les cures d’austérité pour tenter - vraisemblablement en vain - de redresser les finances publiques mises à mal précisément par ceux qui aujourd’hui nous infligent leur amère potion ultralibérale… J’avais bien entendu dès le départ ma petite idée : « les pauvres doivent payer » !
Nonobstant la promesse d’un Henri Guaino - lequel se donne aujourd’hui la stature d’homme politique, VRP de Sarkozy ! Multipliant les déclarations plus stupides et démago les unes que les autres et même les meetings ! - quand il osa prétendre contre toute évidence que Chaque fois qu'un effort supplémentaire sera demandé aux Français, les plus riches n'en seront plus exonérés» (20 Minutes 9 juillet 2011) et sachant par ailleurs que 90 % des ménages supporteront l’essentiel des mesures, en n’ayant garde d’oublier les PME - les seules réellement créatrices d’emplois ! - qui ne seront nullement épargnées.
Je regrette mais je vais devoir être technique.
Les moins avertis ou les partisans du « faire payer les pauvres » rétorqueront que les nantis y participeront (quand même !) à hauteur de 10 %… Dieu ! Quel effort - exceptionnel - mais je leur rétorquerais incontinent que précisément sur l’échelle des revenus, les nantis du 10e décile (ils représentent donc 10 % de la population) percevaient en 2008 un revenu annuel moyen - sans même parler de leur patrimoine immobilier ou mobilier, y compris les titres en bourse - de 53.000 €, sachant par ailleurs que le revenu des hyper-riches (environ 1 % de la population) est bien largement supérieur alors que les pauvres du 1er décile devaient se contenter de 8070 €.
Le revenu médian du 5e décile - établissant précisément la médiane entre les revenus des déciles inférieurs et les supérieurs - se situait à 20.040 €, donc un salaire moyen de 1670 €. Mais ce qui me troue littéralement le cul c’est qu’en prenant ma calculette pour savoir combien percevaient mensuellement les personnes du 9e décile - pour un revenu annuel de 30990 €, je trouve un résultat proprement ébouriffant : un salaire moyen de 2582 € !
Autrement dit, même sachant qu’il s’agit d’une moyenne, le salaire dans la tranche immédiatement au-dessous des plus riches correspond grosso modo à celui des fonctionnaires de catégorie B en fin de carrière : enseignants, infirmières, policiers, etc. et sans doute aussi d’un certain nombre de salariés du privé ayant quelques compétences et responsabilités.
Niveau de revenus que je persiste à situer comme étant celui à partir duquel l’on peut parler de « classes moyennes » - et encore faudrait-il les distribuer entre classes moyennes inférieure, moyenne et supérieure car il ne saurait y avoir de commune mesure entre les salariés touchant 2.600 € par mois et ceux dont les revenus égalent ou dépassent 4.000 € voire 8.000 € pour certains.
Je m’inscris donc largement contre les assertions - je devrais parler d’élucubrations ! - de beaucoup d’économistes qui prétendent que le salaire des classes moyennes s’établirait à 1500 € certains poussant même le bouchon assez loin : 1200 €… à peine supérieur au Smic ! Ce qui est bien la preuve d’une perversion inouïe des représentations sociales dans un mode ravagé par l’ultralibéralisme et où les écarts ne cessent de progresser entre les revenus des plus pauvres et ceux des plus riches.
Ce qui n’est ni une vue de l’esprit ni un slogan. D’abord, je n’aime pas penser par slogans, même si certains m’amusent ou me semblent pertinents, car c’est toujours forcément réducteur et je préfère de loin les analyses même si cela demande beaucoup plus d’efforts et de prise de tête, notamment pour rechercher des données fiables. Ensuite, je suis toujours très sérieuse quand j’aborde les questions économiques et sociologiques et ne me contenterais jamais d’un vague à peu près, je n’apprécie l’impressionnisme que dans les musées ou sur des reproduction.
Or, ce tableau signale que le rapport entre les revenus les plus hauts et les plus bas n’a fait que croître très régulièrement depuis 2003 jusqu’à 2008, passant de 6,07 à 6,67 - autrement dit les "années Chirac" et le début de l’ère Sarkozy…
Curieusement, l’Insee ne fournit plus ces chiffres depuis 2008 : un ordre du "Château" ? Fort ridicule puisque nous savons pertinemment par des articles et d’autres rapports que les inégalités de revenus entre les pauvres et les très riches n’ont fait que d’avantage s’accroître depuis, même au plus fort de la crise !
Alors, autant dire que le prétendu effort demandé aux plus riches est peanuts en comparaison celui que nous allons subir.