Partir en voyage, c’est parfois arriver quelque part où l’on ne sait pas trop ce qu’on est venu faire. Et pourtant, il y avait ce but dés le départ d’arriver là: la chambre réservée, des cartes consultées, les bagages faits la veille... En réalité, tout ce qu’on voudrait voir de près reste loin: les cascades dans la montagne dont on ne sait pas où elles ont leur source, la petite table sous une lumière tamisée du restaurant qu’on voit au loin derrière le rideau de pluie, le chemin qu’on n’aura pas le temps de suivre. Maintenant que la nuit est tombée et que tout le monde dort, j’aimerais être assis dans la voiture sur le parking sans bouger. J’aimerais filmer sans savoir pourquoi je filme ce que je filme. Ce n’est pas tellement où l’on va. C’est comment, de seconde en seconde, de toute façon, ici ou ailleurs, la métamorphose s’opère ou pas.