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Une autre austérité est possible !

Publié le 16 novembre 2011 par Copeau @Contrepoints

Les exemples baltes et hollandais montrent qu’il est possible de réduire les dépenses de l’Etat, baisser les impôts, relancer la croissance et l’emploi – tout cela en même temps.

Par Alex Korbel

Texte d’opinion publié le 14 novembre 2011 sur 24hGold.

Une autre austérité est possible !
Le débat actuel portant sur l’efficacité des plans d’austérité budgétaire semble avoir perdu toute trace d’objectivité.

Les chroniqueurs socialistes estiment que l’austérité budgétaire ne peut jamais être une solution pour faire repartir la croissance au sein d’une économie nationale anémique. Les chroniqueurs conservateurs pensent que ce manque de croissance est la conséquence de politiques publiques inefficaces.

L’exemple des Etats baltes réfute ces deux thèses et celui des Pays-Bas montre la voie.

Reprise spectaculaire de la croissance dans les Etats baltes dès 2010

L’Estonie (membre de la zone euro), la Lituanie et la Lettonie (qui ont un taux de change fixe entre leur monnaie nationale et l’euro), ont émergé en un temps record de dures récessions avec les taux de croissance les plus élevés d’Europe.

Le PIB estonien a ainsi connu une croissance de 8,4% au premier semestre 2011 (6% en Lituanie et Lettonie). Cette reprise spectaculaire a débuté à partir de la deuxième moitié de l’année 2010, alors que les trois pays baltes avaient été sévèrement touchés par la crise économique en 2009 (baisse du PIB de 14,3% en Estonie, 18% en Lettonie et 14,7% en Lituanie en 2009).

Les Etats baltes ont fortement baissé les dépenses publiques, les salaires du secteur public et privé et les retraites correspondantes ont été diminuées, une protection sociale minimale a été maintenue et les taux d’imposition sont restés bas.

De 2003 à 2010, le revenu réel par habitant de l’Estonie a augmenté de 18%. A l’heure actuelle, le niveau de production estonien est revenu à celui de 2006. Ce retour à la croissance s’est produit de façon beaucoup plus rapide que ce qui avait été prévu.

Ce modèle de dévaluation interne a ceci d’intéressant qu’il montre qu’il n’est pas nécessaire de passer comme l’a fait l’Argentine par la dévaluation, l’inflation, la répudiation de la dette publique et l’augmentation des impôts pour retrouver le chemin de l’enrichissement.

Dans le cas de la France, ce modèle pourrait cependant être insuffisant du fait d’un niveau d’endettement très élevé et d’un marché du travail rigide. Une réforme du marché du travail est donc nécessaire pour qu’un pays comme la France sorte durablement de la crise. Cela n’a rien d’impossible comme le montre l’exemple hollandais.

Reformer le marché du travail : l’exemple des Pays-Bas (1982)

La mauvaise performance économique du pays dans les années 1970 a poussé les Pays-Bas à entreprendre une série de réformes du marché du travail qui a abouti à une forte réduction du chômage.

Ces réformes ont commencé en 1982 avec un accord entre les syndicats et les employeurs sur la modération salariale en échange de la création d’emplois. Cet accord a aboli l’indexation automatique des salaires pour les contrats futurs mais aussi actuels.

Les gouvernements hollandais successifs ont aussi mis en œuvre une série de réformes du marché du travail et des finances publiques qui se sont renforcées mutuellement :

  • Le salaire minimum a été réduit de 3% puis gelé pour de nombreuses années. En 1997, le salaire minimum réel était ainsi 22% plus bas qu’en 1979. Le salaire minimum des jeunes a été réduit plus fortement ;
  • Le salaire des fonctionnaires a été réduit de 3% et gelé de la même façon, aboutissant à une baisse en terme réel comparable à celle du salaire minimum ;
  • Les indemnités chômage et maladie sont passées de 80% à 70% du salaire et la durée des allocations chômage a été raccourcie ;
  • Pour soutenir la modération salariale, les taxes et cotisations sociales payées par les employés ont été considérablement réduites. En conséquence, le pouvoir d’achat a considérablement augmenté, même en l’absence de hausse des salaires réels ;
  • Pour financer ces réductions d’impôt, le gouvernement a réduit les dépenses publiques de 14 points de PIB. Le gouvernement a ainsi réussi à réduire en même temps les impôts et le déficit public. Le budget de l’Etat est passé d’un déficit de 6,2% du PIB en 1982 à un excèdent de 2,2% en 2000.

Les réformes ont contribué à une augmentation rapide de l’emploi à partir de 1984. Cette réduction du chômage a largement bénéficié aux femmes et aux jeunes. Le taux de chômage des jeunes est ainsi passé de 25% en 1985 à 6,3% en 2008, le taux le plus bas de l’Union Européenne.

Quand des chroniqueurs vantent les vertus théoriques de l’inflation, des hausses d’impôts et de l’augmentation des dépenses publiques pour résoudre la crise, les exemples baltes et hollandais montrent concrètement qu’il est possible de réduire les dépenses de l’Etat, équilibrer les finances publiques, baisser les impôts, relancer la croissance et l’emploi – tout cela en même temps.


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