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Toi aussi, lutte contre la fraude intellectuelle

Publié le 16 novembre 2011 par Copeau @Contrepoints

Toi aussi, lutte contre la fraude intellectuelle

Vite, il faut trouver des sous. Et pas qu’un peu ! Le triple-A (auquel les gens sérieux ne croient plus depuis longtemps) est en danger ! Le gouvernement (pas très sérieux qui y croit encore) se mobilise donc, oublie que le mot « austérité » est tabou, et gratouille ses fonds de tiroir. Et les trois premières minutes, c’est presque impressionnant.

Sarkozy serait-il en campagne ? Oh, non, vous n’y pensez pas !

Non, il est, comme tous les élus responsables et soucieux d’un avenir maîtrisé pour les finances publiques, décidé à en finir avec la vilaine fraude sociale, et s’en est donc ouvert lors de son déplacement à Bordeaux. En temps de crise, on ne peut plus se permettre le laxisme douillet dont l’administration a fait preuve les années précédentes.

Fini, les contrôles de l’URSSAF gentils et compréhensifs ! Fini, les petits arrangements avec la Sécurité Sociale, ! Terminé, la clémence et la mansuétude de l’Inspection du Travail ou même des aimables représentants du Trésor Public lorsqu’ils viennent effectuer chez vous un petit fisc fucking contrôle fiscal de routine !

Maintenant, on ne joue plus : on va te retrouver ces méchants fraudeurs, ces voleurs éhontés de la veuve et de l’orphelin, et on va te me les coincer ! Non mais.

Vous l’aurez compris : comme d’habitude lorsqu’il s’agit de trouver quelques piécettes pour faire fonctionner le bastringue encore quelques semaines de plus et continuer à se shooter gentiment à la dette publique, on ne renonce à aucun artifice.

Avouer qu’on veut s’attaquer à la fraude sociale en fin de quinquennat, pour Sarkozy, c’est avouer qu’il n’en a pas fait assez les années précédentes. C’est aussi avouer que l’Etat est, encore plus que d’habitude, poussé dans ses retranchements ultimes puisqu’il va lui falloir, maintenant, effectuer un travail de recouvrement qu’on imagine déjà long, pénible et plus que sûrement peu profitable.

On ne s’étonnera pas non plus du choix fait d’aller traquer le méchant fraudeur : c’est électoralement bien plus porteur de désigner à la vindicte populaire un groupe social vague, qu’on imagine interlope et séditieux, plutôt que d’aller chercher les économies là où elles se trouvent.

Ainsi, avec une seule mesure simple, de justice sociale et suffisamment égalitaire pour ne pas pouvoir être attaquée par la Gauche qu’on sait évidemment Humaniste et Responsable, le problème de la fraude aux arrêts maladie pourrait être grandement amoindri.

Pour cela, il suffirait tout simplement d’aligner le nombre de jours de carence du secteur public sur le secteur privé ; dès lundi, c’était déjà vaguement envisagé, sur la pointe des pieds, et encore, puisqu’on sent qu’au moindre frémissement, poum, des grèves et autres mouvements d’humeurs vont se faire sentir. On se rend bien compte qu’un tel alignement provoquerait un changement assez important en matière d’absentéisme, une baisse du taux d’arrêt maladie, et augmenterait mécaniquement les ressources humaines disponibles ce qui permettrait de répondre au mantra habituel du manque-de-personnel…

Alors hop, ni une ni deux, le gouvernement, rassemblant le petit raisin sec qui lui sert de couille (racheté en seconde main à un précédent gouvernement, très peu servi), décide de punir le privé encore un peu plus en passant le nombre de jours de carences de trois à quatre. Comme la mesure est un cocktail savant avec 1 mesure de foutage de gueule, 1 mesure d’iniquité et 1 mesure de cynisme amer, histoire de faire passer le breuvage, le brave Fillon en profite pour introduire la fameuse carence dans le public, à hauteur de … une seule journée.

Encore une fois, dans le pays où l’Egalité figure sur tous les frontispices municipaux, le public va faire 25% de l’effort du privé. Ce dernier appréciera encore une fois d’être roulé dans la farine, découpé en rondelles et revendu en petits cubes faciles à digérer.

Mais ne vous focalisez pas sur ce genre de petites différences, hein, il en va de la réélection du Président, les enfants, on ne joue pas. On a mieux à faire : on va trouver du pouilleux qui fraude, c’est plus médiatique.

Explosion atomique clownesque

Et pendant ce temps, pour ce qui est des économies à l’étage supérieur de la fusée républicaine, vous pourrez bien sûr aller vous faire voir ailleurs. En effet, même si plus de neuf Français sur dix veulent une réduction mesurable du train de vie du gouvernement, on attend toujours que ce rêve humide de plus de 55 millions de Français devienne réalité.

Car lorsqu’il s’agit de passer à l’acte, il n’y a plus personne : le député moyen, qu’on savait toujours indélogeable et friand d’argent des autres, refuse catégoriquement de faire un petit effort : « non, scrogneugneu, vous ne toucherez pas à mon indemnité bande de populistes démagogues ! »

Mieux : puisque le peuple gobe sans broncher, et même si la crise continue de s’étendre et de faire des ravages, chaque jour apporte son lot de scandale aux remugles bien putrides, comme par exemple lorsqu’on apprend qu’Éric Walter, le formidable, l’indépassable et indispensable secrétaire générale de la non moins essentielle HADOPI, dont on se rappellera que le salaire (180.000 euros annuels) fait partie des 1% contre lesquels les 99% ne pipent pas mot, vient de se faire nommer Chevalier de l’Ordre National du Mérite. Ceux qui l’ont et qui le méritent doivent avoir honte. Certes, ils ne doivent plus être très nombreux, mais à leur place, j’irai même jusqu’à m’indigner, tiens.

Ce gouvernement et ce président, en mode panique depuis que la crise est passée à la dimension supérieure, montrent encore une fois leur totale incompétence, leur manque cruel de lucidité. Au moment où l’on sent que c’est justement la qualité dont on a clairement le plus besoin, c’est assez inquiétant de s’en voir à ce point dépourvu. Le bon sens a totalement disparu.

Mais ce qui désespère encore plus est de voir que les adversaires politiques sont aussi à court de tout échantillon, même minuscule. Rien de nada, nib, que dalle à droite. Le néant, le vide, le zéro à gauche.

Ce pays est foutu.
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Sur le web

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Sarkozy, ce socialiste.


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