Dominique de Villepin a raison. Une campagne présidentielle comprend divers combats. Celui de la droite contre la gauche et celui des droites dans la droite et des gauches dans la gauche. Et ceux-là sont beaucoup plus cruels, ajoute avec ironie l'ancien premier ministre de Jacques Chirac que Sarkozy voulait pendre à un croc de boucher. A l'évidence, la querelle opposant François Hollande aux Verts appartient à la 3e catégorie, la bataille à l'intérieur de la gauche.
Les Verts se positionnent aujourd'hui simplement. Un accord (sur le nucléaire) a été signé, relu et corrigé, il a été adopté par les deux parties. Point barre. Les socialistes Hollandistes sont plus nuancés. « Les négociateurs socialistes ne se sont pas rendus compte d'une contradiction : l'EPR de Flamanville fonctionne au MOX. Comment démanteler la filière du MOX si on conserve Flamanville comme le veut François Hollande ? Le PS s'est fait baiser par les Verts. »
Jean-Vincent Placé, l'un des négociateurs des Verts, est un homme redoutable et insuffisamment redouté par les socialistes. Quand on négocie avec lui, il faut être attentif à tout et extrêmement prudent même si, en l'occurrence, je soutiendrais plutôt les Verts sur cette affaire du nucléaire dans laquelle le groupe Areva a joué parfaitement son rôle de lobbying. On me dit qu'Hollande souhaite la rupture avec les Verts qui n'apporteraient que des « emmerdes ». Il se croit assez fort pour se passer de leur concours. Il est vrai que la candidature d'Eva Joly permet aux Verts de défendre intégralement leurs thèses et que l'heure de vérité sonnera au soir du premier tour. Hollande sait que si les Verts veulent un groupe et des députés, ils devront passer par un accord avec le PS. Pour une fois, c'est le fort qui imposera sa loi au faible.
La droite se réjouit de ces désaccords publics. Et pourtant quand Copé annonce que les députés Nouveau Centre sortants qui ne soutiendront pas Sarkozy dès le premier tour se verront mettre un candidat UMP dans les pattes, il s'agit bien d'un problème à l'intérieur de la droite. Morin, le régional de l'étape, doit confirmer sa candidature le 27 novembre et Copé-Sarkozy veulent lui couper l'herbe verte normande sous le pied. On verra la dose de courage de l'actuel animateur du Nouveau Centre face à une menace réelle…et bien dangereuse.