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Dollar, derniers virages avant le crash : Bush et son budget

Publié le 29 février 2008 par Rene Lanouille
Il s’agit de la troisème partie de l’article consacré au dollar. Parallèlement aux migraines de la FED, la présidence du pays a le devoir d’empêcher tout développement d’une panique au sein du monde économique, dans l’ombre menaçante de 1929

Les rustines de George Bush

Ici encore, une seule solution : des dollars et encore des dollars, avec le même fournisseur, la planche à billets, puisque le trou du budget de l’État frise encore cette année les 500 milliards de dollars. Pour le Président, ce n’est pas le système bancaire qu’il s’agit de sauver de la faillite, mais 1.300.000 foyers en rupture de paiement de leurs échéances immobilières, en attendant les autres, 1.700.000 sans doute, dont les échéances sont encore à taux réduits car ce sont les emprunteurs les plus récents. On les retrouvera en 2008 et 2009. En les attendant, il faut rapidement saper toute onde de panique qui pourrait naître de cette abomination de tant de monde jeté dans la rue sans ménagement.

La grande Amérique se prépare donc à se voiler à nouveau la face. Comme après Katrina…

Et là, en face de ces 750 milliards neutralisés par les subprimes, mentionnés plus haut, le plan Bush propose un maigre 168 milliards de dollars. Pas du tout, comme on pourrait le croire, pour aider les quelques dizaines de milliers de familles déjà jetées en vrac sur les trottoirs avec leurs meubles, un peu partout dans le pays, mais pour « soutenir » la consommation des particuliers, sans laquelle l’économie étasunienne s’aplatirait en quelques mois sans coup férir.

Alors, pour les expulsés, c’est aux banques prêteuses que l’on demande de surseoir aux saisies, et même de renoncer aux hausses de taux prévus dans les contrats.

Mais les choses ne s’arrêtent pas encore là. Ce n’est pas fini ! Ce merveilleux télescopage financier aboutit aussi au budget de l’État.

Les rustines du budget

Or, sur ces entrefaites, l’infatigable Bush a dévoilé le 4 mars son budget 2009. Qu’y trouve-t-on ?

3.100 milliards de dollars de dépenses, qui ne sont couvertes qu’à 86,87% par les recettes, compte tenu des nouvelles réductions d’impôt, toujours sous prétexte de relance économique. Le déficit prévu est donc de 407 milliards de dollars, soit 13,13% des dépenses et 2,9% du PIB prévu. Sensiblement égal au déficit prévu pour l’exercice 2008 en cours (410 Mds), mais le double de l’exercice 2006 (162 Mds).

L’endettement va donc continuer à un rythme accru et engendrer des tensions inflationnistes additionnelles. Associée à la baisse des taux impulsée par la FED, la baisse du dollar va donc s’accélérer au cours des deux années qui viennent. Et c’est sans compter les conséquences des baisses de taux à venir, que la FED va bien être obligée de pratiquer dans les quelques mois qui viennent, pour amortir un total aplatissement de l’économie.

De plus, un grand nombre de dépenses sociales ont été fortement réduites (celles de la santé et de l’aide sociale), laissant ces dépenses à la charge des États fédéraux, dont les impôts ou l’endettement devront augmenter symétriquement.

Mais le plus curieux, et pas tellement inattendu de la part du Président, est la hausse de 7,5% du budget du Pentagone à 515 milliards, auxquels s’ajouteront 70 milliards supplémentaires hors budget pour les opérations militaires d’Afghanistan et de l’Irak.

Le pays sera donc encore mieux défendu ! Il est vrai qu’il est entouré d’ennemis si puissants, comme chacun sait ! En fait, mon avis est qu’il convient d’examiner l’augmentation des dépenses militaires sous un autre angle. Du fait du déplacement de l’industrie étasunienne dans les pays émergents, à hauteur d’environ 40% de son ancien potentiel, le seul moyen de conserver un minimum d’activité industrielle dans le pays consiste à augmenter la fabrication de matériel militaire, même s’il ne doit servir à rien. On fabriquera donc de nouvelles armes et on mettra au rencart les plus anciennes. Heureusement qu’il est encore interdit à l’industrie de l’armement de se déplacer à l’étranger, sans quoi on pourrait se demander de quoi vivraient les Étasuniens dans les années qui viennent. Peut-être seulement des commissions perçues par les courtiers en bourse et des honoraires des avocats. Sans doute les citoyens de cet empire à la dérive croient-ils que les Chinois et autres contributeurs étrangers continueront encore longtemps à les approvisionner en biens de toutes sortes, en se contentant de recevoir en échange des vignettes vertes imprimées avec la gueule de Washington !

© André Serra [fin de la 3ème et dernière partie]

http://andreserra.blogauteurs.net/blog

par André Serra


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