TIMBRE
Au crépuscule, dans ma rue pavillons-jardins, paroles et bruits de voisins immédiats m’arrivent de derrière les cyprès, susurrent à l’ombre et colportent dans l’air doux l’excitation d’un dîner en terrasse. Tandis qu’ils s’entrelacent aux feuillages et vols de velours, ils papillotent et vacillent entre les arbres comme des lucioles et embrasent dans la fausse nuit citadine le rappel d’une... socialité presque campagnarde. Et soudain une voix fait silence alentour, un souffle saisissant comme celui jailli des layons qui vers toi m’ont guidé, ta voix de chair ductile et frémissante du désir mis à vif. C’est tout un art d’aimer qu’alors disait ta voix, ses clairs-obscurs, ses déchirantes vibrations. Ta voix grave et lumineuse, ses inflexions venues du cœur du corps m’ont vrillé au plus intime.
François Laur
Extrait de Quotidiennes, Éditions Rafael de Surtis, Cordes-sur Ciel, 2006