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L'Espagne à la suite des élections

Publié le 19 novembre 2011 par Egea

Dimanche, les Espagnols voteront et, au vu des sondages, éliront le Parti populaire (PP) de Mariano Rajoy. Ce scrutin révèle des aspects géopolitiques au sujet de l'Espagne mais aussi de l'Europe.

L'Espagne à la suite des élections
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1/ La grande majorité du PP intervient dans un pays déboussolé, avec plus de 20 % de chômeurs et une gueule de bois après des années d'expansion flamboyante. La crise est le principal acteur de la campagne et M. Rajoy bénéficie du simple programme : "sortons les sortants". Ceci justifie l’ambiguïté de son programme puisqu'il ne dit rien précis de son action future, ce qui lui permet de assembler de la droite la plus profonde aux déçus du zapatérisme.

2/ En fait, contrairement au titre du Figaro, ce n'est pas la "droite" qui vient au pouvoir : c'est une sorte de neutralité plus ou moins centriste et technicienne. Même s'il est encarté, M. Rajoy porte la même signification politique que les nouveaux gouvernants de Grèce (M. Papademos) et d'Italie (M. Monti) voire d’Irlande (M. Kenny), où un troisième homme avait été élu. Au fond, les électeurs non seulement désavouent les gouvernements en place, mais ils affirment leur défiance des politiques classiques. C'est particulièrement vrai en Espagne où la force du mouvement des indignés ne se dégonfle pas.

3/ Or, outre les difficultés financières, M. Rajoy va avoir des responsabilités fort politiques. En effet, pour la première fois depuis la sortie du franquisme, un parti bénéficiera de tous les leviers du pouvoir : municipalités, régions et bientôt gouvernement. Cela signifie que la pression budgétaire va avoir des traductions politiques : en effet, 20 % du déficit espagnol est imputable aux région (voir ici)s qui ne réussissent pas à réduire leurs encours : dès lors, l'Etat va devoir faire pression et au besoin gommer certaines autonomies, trop dispendieuses. Autrement dit, la crise d'une part, et l'homogénéisation politique d'autre part, vont favoriser un mouvement de recentralisation de l'Espagne, conformément à ce qu'égéa vous explique depuis longtemps.

4/ Deux écueils s'opposent toutefois à cette tendance : d'une part, le cas de la Catalogne où les indépendantistes et la gauche sont toujours au pouvoir, à la tête de la région à la fois la plus riche, la plus endettée et la plus indépendantiste. Par ailleurs, le risque de cette concentration des pouvoirs est justement l'absence de contrepouvoir : dès lors, en cas d'échec, les alternatives ne sont pas évidentes : remous sociaux, éclatement, ....

5/ La baisse de la croissance rend visible l'implosion démographique : en effet, celle-ci était masquée les dernières années par l'immigration, venant notamment d'Amérique du sud. Avec le chômage, on s'aperçoit que ces immigrés quittent le pays : mais l'abime démographique n'en est que plus flagrant. Est-il besoin de rappeler l'importance d'une démographie assez vigoureuse pour relancer la croissance ? quand une population réduit, elle est en décroissance ce qui a forcément des conséquences sur l'économie.

Et si les taux de natalité participaient à la notation des Etats ?

NB : on appréciera cet article du Monde : où il apparaît que la vertueuse Allemagne maquille ses comptes comme un vulgaire État du club méd....

O. Kempf


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