Dans cette pièce froide, je jetai des regards furtifs sur Mélanie pour tenter de deviner ses sentiments à mon égard ; j'eus peur un instant qu'elle pensa de moi
:
– Putain, il a enflé du visage...un vrai Bibendum ! je l’aime, mais il va me falloir être courageuse pour sortir au cinéma avec lui par la suite… Et même s'il revenait à la vie, que le
désir irrésistible nous vienne de vouloir un enfant, je ne me vois pas accoucher d'un pneu boudiné ! Elle aurait eu raison, Méla, mon visage avait enflé et je n’étais pas très beau à voir
avec ce masque respiratoire digne de Top Gun ; quant au cinéma, le seul que nous connaissions était celui de la place de la mairie, en plein air, et seulement accessible en août où nous
devions emmener nos chaises pliantes relax et nos rires, car, le maire du village n’achetait que des bobines de films documentaires genre : les canons de Navarone, les sept mercenaires, et
quelques drames datant « facile » des années 80. Tout ce que nous n’aimions pas. J’avais vu pour la première fois E.T l’extra-terrestre en 1999 alors c’est vous dire le retard cinématographique
que notre village avait dans l’ hexagone.
Voilà ce que je m’imaginais lorsque je regardais ma bien-aimée ; mais une phrase discrète de sa part glissée dans le creux de l’oreille de ma maman me rassura définitivement :
- C’est fou cette eau de Cologne discount parfumée lavande que les infirmiers lui ont étalée sur les joues ; on se croirait dans un champ rempli d'ouvriers agricoles
en sueur un après-midi d'août avec cette odeur ! Ils ne vont pas l’embaumer, j’espère ! puis elle marmonna à nouveau tout en revenant vers moi :
- c’est fou ça…ce qu’ils t’ont mis…cette eau de Cologne de merde…