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Arbitrages

Publié le 20 novembre 2011 par A360

fan-trail

Dans neuf minutes la période blanche s’achèvera. Toute la journée les rues d’Auckland ont été submergées par une marée verte. Tintements de pintes, provocations, rires et bravades des Irlandais qui jouent contre l’Australie ce soir à Eden Park. À 18h00 tout s’est arrêté. En vingt minutes, le courant a poussé les supporters chanceux vers le stade, les autres vers les supermarchés puis les écrans plasma de leurs salons. Ville blanche.
Le volume sonore baisse de cinq niveaux, on entend de nouveau le bruit des roues trempées sur le goudron. Période de calme, propice à la discussion avec l’équipe de tournage.

Ce documentaire prend le pari d’immerger les auditeurs dans la vie culturelle d’Auckland, de leur faire rencontrer un espace intellectuel, sonore, de les surprendre. Et l’on s’interroge sur ce concept, après avoir réalisé une série d’entretiens et de prises de sons.

Les questions fusent ; pourquoi tel angle, pourquoi telle entrée, pourquoi telle problématique sociale, pourquoi tel artiste ou quartier est mis en lumière plutôt qu’un autre ?

Chaque membre de l’équipe aurait emprunté une porte différente, mais les couloirs auraient mené aux mêmes lieux. Des salons, bars et ateliers où se croisent des artistes officiels, patentés, « mainstream », et des « talents émergents », underground.

Si j’avais été à New York ou San Francisco en 1955 serais-je allé écouter Kerouac, Ginsberg, connus de quelques happy few, ou bien le déjà très célèbre Henry Miller ? Je pense que j’aurais commencé par ces chers poètes beats, qu’eux m’auraient offert le cœur, le danger et l’énergie de leur cité. J’aurais poursuivi avec l’auteur du Tropique du Cancer, pouls régulier, identifié et attendu.

On ne peut inventer la vie culturelle d’Auckland. Certes on nous propose discrètement des listes de créateurs, des événements, des « menus », comme si l’on devait choisir une recette internationale, produire un documentaire bolognaise.

Mais le cœur est en ce moment à K’Road, quartier bohème dont certains murs sont recouverts des graph de Cut Collective. Ses poumons sont autour de la Auckland Art Gallery, des écrits d’Alan Duff.

Il existe des sons, des artistes, des zones de créations isolées, pérennes ou éphémères à côté desquels nous passons sans les remarquer, d’autres que nous laissons de côté, par choix souvent, et du fait des contraintes techniques ou de durée de production.

De cet arbitrage naîtra en partie notre documentaire.

Et si nous devions produire un documentaire sur la vie culturelle et intellectuelle de Paris en cinq jours pour une durée finale de deux heures, quels artistes choisirions-nous ?

La période blanche s’achève, les pubs se remplissent, les minijupes vertes défilent et les verres tintent à nouveau.
Le match nous sauve de devoir répondre à cette question. Go Ireland Go !

Pour écouter le documentaire Auckland Villes Mondes sur le site de France Culture +++


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