Voilà le genre de frayeurs primaires que je dus passer lors de ce premier coma. L'impuissance et la frustration de ne pouvoir parler, questionner et encore moins réagir ! Difficile de ne pas s'agacer quand un infirmier recoiffe une de vos mèches frontales à gauche en insistant nerveusement dessus alors que votre maman l'a toujours amoureusement ( et d'un léger coup d'index tendre et non anguleux ) coiffée vers la droite. J'eus l'air un peu stupide concernant tous ces doutes qui m'assaillaient et m'assaillent encore, parfois ; et bien sûr que je n’ai jamais rechigné devant toutes ces missions de compassions, d’accueil d’âmes paumées, bienveillantes, outrageantes même parfois de ne pas saisir le fait que « lorsqu’il est l’heure de partir, rien ne peux ni ne pourra y changer ; que notre façon de mourir est écrite sur notre front dès la naissance comme marquée au fer rouge pour les décès violents et à la plume de cygne pour les morts plus douces. Mais allez donc expliquer à des âmes choquées, troublées par une fin violente qu’il leur est indispensable de renaître maintenant afin d’évoluer, puis renaître, évoluer, puis renaître…
Alors oui ! Un ange est également "juste" un poteau indicateur d’âmes errantes ; mais ici comme ailleurs, il n’y a pas de sots
métiers… d’ailleurs ce n’est pas un métier que d’être missionnaire céleste mais un devoir, un honneur, le sommet de l’amour pratiqué avec un désintéressement total.