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Un sondage est une photographie de l'opinion à un instant donné...

Publié le 29 février 2008 par Roman Bernard
... en tenant compte de ce qui l'a précédé ! C'est manifestement cette règle de bon sens, qui veut que l'opinion publique est conditionnée par les événements précédant le moment du sondage - malheureusement pas toujours les plus significatifs -, qui a été oubliée par les maîtres-sondeurs, lesquels, comme l'a relayé Seb de Ca réagit, ont établi après consultation que Royal l'emporterait face à Sarkozy si l'élection présidentielle de 2007 avait lieu aujourd'hui.
Le Chafouin trouve avec raison absurde de sonder sur un événement passé. Ce que l'on peut ajouter, et que j'ai fait en réaction à l'article de Liberation.fr, c'est que, comme je l'écrivais, « [c]e sondage n'a aucun sens : si l'élection avait lieu aujourd'hui, elle aurait été précédée d'une campagne et les estimations seraient assez probablement différentes. » Soyons plus précis : si l'élection avait lieu aujourd'hui, la campagne qui l'aurait précédée aurait fait apparaître de la même manière que l'an dernier l'incompétence de Royal... ce n'est pas parce que Nicolas Sarkozy est décevant que Ségolène Royal est subitement devenue apte à exercer le pouvoir.
Un sondage insensé donc, et surtout de l'argent jeté par les fenêtres... comme s'en amusait Bernard Thibaut chez Ruquier, s'il y a bien un secteur qui ne manque ni d'activité ni d'emploi, c'est bien le sondage. On peut aller plus loin que l'éloquent leader de notre chère CGT et s'interroger non plus sur l'utilité des sondages, mais sur la nocivité, pour une population, de la surexposition à leurs flux incessants d'informations contradictoires et vides de sens. Bref, quel est le coût social et politique du sondage ? En réduisant l'action politique à une quête permanente et obsessionnelle d'une popularité vite évanouie, les sondages comptent pour beaucoup dans sa perte de sens. Justifier des lois, comme le fait le gouvernement, par le fait que la majeure partie de la population y serait favorable - qu'en sait-il ? S'il voulait s'en assurer, il déclencherait un référendum sur la question -, illustre bien l'absence totale de cohérence gouvernementale provoquée par cette obsession sondagique. Que faut-il faire ? Légiférer pour limiter le nombre de sondages, ou bien espérer des médias qu'ils cesseront de relayer les plus insignifiants d'entre eux et du personnel politique qu'il arrêtera d'en faire une obsession pour renouer avec l'action ? Cette question en apparence insoluble mérite bien, à tout le moins, le retour à une certaine « vigilance républicaine ».
Roman Bernard
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