142245 : Coeur tombal

Coeur tombal

Ils sont arrivés en éclatant les fenêtres, ils m'ont encerclé et ils ont vidé leurs chargeurs. J'ai souri puis je les ai regardé mourir de vieillesse en quelques secondes. J'ai découpé leurs peaux, puis j'en ai vêtu les arbres dehors, pour qu'ils aient moins froid. Le jardin m'a poussé à l'extérieur et j'ai marché en donnant mes mains à manger aux chiens de passage. Elles repoussaient à chaque fois, comme une mauvaise habitude. C'était un lundi, j'avais laissé les clés à la raison pour qu'elle prenne sa semaine. Lorsque mes mégots touchaient terre, des arbres tentaculaires aux innombrables ventouses sortaient du sol.

Soudain, une douleur transperçante au niveau du poumon droit se fit sentir, une pieuvre cancéreuse, probablement échappée d'un des arbre, essaya de remonter ma gorge et d'ouvrir ma bouche. Mais, d'un claquement de doigt, seule la douleur survécut. Les nuages me parlèrent d'amour et je fis la sourde oreille, pour ne pas éveiller ce coeur ankylosé qui tenait en sa main faible et tremblante, un couteau pour s'entailler encore, recherchant un simple prétexte pour retourner à la pierre, d'un dernier battement tombal. J'ai enfoncé mes textes dans mes yeux, pour un dernier délire avant de vomir en aveugle, pour ressentir tout ce que je ne pouvais plus voir.

Alors, je me suis envolé pour me jeter dans une fenêtre et mourir de vieillesse, dans les bras de quelqu'un d'assez fou pour m'y accueillir.

Postscriptum

Conseil musical du soir: Noir Désir - Comme elle vient