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Au théâtre, vive les places d'honneur

Publié le 22 novembre 2011 par Lheretique

Quand je me rends au théâtre, s'il y a quelque chose que je déteste particulièrement, c'est de me trouver mal placé au point de ne rien voir (ou presque) ou encore de mal entendre. Hors des premiers rangs, point de salut. L'inconvénient, évidemment, c'est le coût de ce goût immodéré pour le luxe et le confort. Coût qui s'allonge d'autant plus que l'on amène avec soi sa petite famille. La place de théâtre, c'est comme la place d'avion, poupettes et poupinets payent plein pot.

Mais quand on assiste à un spectacle de qualité, donné par des acteurs d'exception, c'est un plaisir renouvelé que de caler son derrière dans un confortable (ou non, à vrai dire) siège de théâtre, d'ouvrir les yeux et de dresser les oreilles.

Certains regardent des pièces de théâtre à la télévision : on n'a pas toujours le choix et je ne crierai pas à l'hérésie, mais j'avoue que pour ma part, j'en perds tout le sel quand je dois me contenter d'aussi peu.

Tenez, on donne le Songe d'une nuit d'été au Théâtre de la Porte Saint-Martin, à Paris. J'avoue être tenté, pour le peu que j'en ai vu sur la vidéo. Mais c'est 30 euros la place. Ah, s'il n'y avait que moi, je ne dis pas. Et puis il faut bien que les artistes vivent. Il y a toute une troupe là-bas, et elle doit se nourrir

J'ai toujours adoré cette pièce de Shakespeare. Avec la Mégère apprivoisée (que l'on ne donne plus guère) et la Tempête, parmi les comédies, ce sont là mes trois pièces favorites.

Il est toujours difficile de se faire une idée sur une pièce de théâtre : la plupart du temps, les critiques, imbécilement, ne tarissent pas d'éloges. La presse ne fait pas mieux, en s'extasiant devant telle ou telle mise en scène. Aucune fiabilité, aucune crédibilité. Les critiques journalistiques sont des incapables incompétents qui tentent, le temps d'une posture, de se donner un air. Non moins agaçants sont les Béotiens à deux sous qui abreuvent les fils de forums et de discussions des articles consacrés aux pièces de théâtre. Ils n'ont généralement rien à dire, ou bien trois fois rien, mais le disent tout de même, pour le plus grand malheur de ma patience.

Tenez, prenons le Songe d'une nuit d'été par exemple, dont la presse se gargarise, voilà les commentaires : 

« Un rêve électrique, fourmillant d'idées. » Les Echos
« Spectaculaire, rafraîchissant et divertissant. » Le Figaro 
« Un jeu de cache-cache très divertissant et léger. » Figaroscope
« Désinvolture et glamour. (...). Un divertissement plein de charme et de Gaité. (...). Un univers coloré, décalé et loufoque. » L'Express Style
« Une mise en scène énergique, dynamique, sportive même, d'une grande efficacité. » Le Figaro Magazine
«Excellente idée. » Pariscope
« Une formidable Réussite. » Le Parisien

« Une version déjantée du Songe d'une nuit d'été. » Charente Libre

« lol» (non, ça, c'est de moi, pour rigoler).

N'est-ce pas crétin et débile au possible ? Ça me fait penser aux cartes horoscopes, tiens : l'art de ne rien dire en ne disant rien. C'est une critique, formidable, excellente idée, raffraîchissant (ah, c'est une pub pour un soda ?) et autres lieux communs totalement dénués d'intérêt ? Tas de fainéants, oui, qui n'ont peut-être pas même regardé la pièce. Genre un Minc commentant le livre de Bayrou.

Bon, je ne veux pas être méchant avec le pauvre commentateur de la pièce, mais franchement : c'est un ufologue ou quoi ? Oui, il affirme que la pièce est un OVNI. Et pourquoi pas un météore ? Ou même un trou noir ? Non, mieux, un quasar : oui, vous savez, ces sortes de disques lumineux autour des trous noirs dans l'espace...

Bon, allez, ce soir, je suis d'humeur mauvaise, je m'arrête là. Je la ferai, moi, la critique du Songe d'une nuit d'été version Lorant Deutsch, une fois que je l'aurai vu représenté sur scène. Pas de complaisance, mais de la critique façon gastronomie. Ça a intérêt à être bon !


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