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Sarkozy instrumentalise le meurtre d'Agnès à distance

Publié le 23 novembre 2011 par Juan
Sarkozy instrumentalise le meurtre d'Agnès à distance Il y a des affaires que l'on ne souhaite pas voir politiser. Mais depuis 2002 déjà, tout est possible.
Le meurtre de la jeune collégienne dénommée Agnès, 14 ans, en Haute-Loire n'a pas été instrumentalisée de la même manière qu'un autre meurtre, celui de Laëtitia, 18 ans, en janvier dernier à Pornic. La réaction gouvernementale a été gênée, compassionnelle, forcée et tardive. Sarkozy est volontairement et hypocritement resté en retrait. Il a laissé ses sbires agir à sa place.
Du meurtre de Laetitia...
En janvier, Nicolas Sarkozy était sorti de ses gonds quand la nouvelle du meurtre de Laëtitia avait été confirmée, 8 jours après sa disparition. Il avait parlé de l'indicible, s'était emporté au point de réclamer une nouvelle loi contre la récidive. « Il est indispensable que les récidivistes fassent l'objet d'un suivi spécifique et approprié dès leur sortie de prison. (...) Lors de la discussion à venir du projet de loi sur les jurés populaires, actuellement en cours de préparation, nous aurons l'occasion de débattre largement de cette problématique et d'adapter notre législation en conséquence.» Quelques jours plus tard, ses proches et ministres lui faisaient comprendre qu'une nouvelle loi serait inutile; qu'il suffisait déjà d'appliquer l'existant. Ses propres députés refusèrent tout nouveau texte.
Bref, en l'espace de quelques semaines, le ratage fut complet. Sarkozy apparut comme un incompétent (il gère le sujet sécuritaire depuis bientôt 10 ans) qui perd ses nerfs et n'est plus suivi par ses propres troupes.
Dix mois plus tard, une autre jeune fille est violée, tuée puis son corps brûlé. Agnès était plus jeune que Laëtitia, et son assassin a, lui, rapidement avoué. Il a 17 ans, et devait être jugé pour une autre agression sexuelle dans le Gard. Un fait gravissime mais dont l'internat Le Cévenol qu'il fréquentait comme la jeune Agnès n'était pas au courant. Dimanche, une grande marche blanche s'est déroulée en silence dans le village.
Lundi, le père d'Agnès a expliqué: « On veut éviter toute politisation. Je sais que c'est difficile, je sais que c'est illusoire surtout en période d'élection. C'est horrible à dire, mais on voudrait que d'une certaine façon, ce drame puisse servir d'exemple et mobiliser tous les acteurs de la prise en charge de ce type d'individus pour trouver les solutions ».
Il voulait éviter toute politisation. Il n'a pas été écouté au plus haut sommet de l'Etat.

... à celui d'Agnès
Pour ce meurtre, la réaction officielle fut très différente. L'Elysée n'a accusé personne, Nicolas Sarkozy est resté en retrait, aucun communiqué n'est venu polluer le site de l'Elysée. Il a laissé ses proches réagir, surenchérir et instrumentaliser l'affaire. Un conseiller a confié que « c’est lui qui a arbitré les mesures prises en matière de prévention de la récidive, et a prié François Fillon de réunir les ministres concernés », selon Jean-François Achilli. Le conseiller en communication, élu local du coin, en rajoute: « Nous ne voulons pas mettre de l’huile sur le feu, il y a des mineurs en jeu. (...)  Les socialistes réclament des centres éducatifs fermés alors qu’ils étaient contre ! Le débat sur la récidive est constant, il faut s’adapter au fur et à mesure », a expliqué Franck Louvrier. 6 lois contre la récidives en 7 ans... Quelle adaptation ? Pour quel bilan ?
En parallèle, on apprenait que Sarkozy réfléchit annoncer sa candidature ... en mars, à quatre ou cinq semaines de l'élection. Sans bilan, il veut être réélu sans campagne. Il fait quand même campagne. Mardi, il était à Toulouse. Il fustigea à nouveau les opposants au « progrès » nucléaire, réaffirma le besoin de revoir les traités européens pour une meilleure intégration de la gouvernance de la zone euro, rabacha sans surprise des platitudes sans saveur ni risque d'être contredit: « il faut une véritable convergence des politiques économiques au sens large, ce qui veut dire une convergence des politiques fiscales ». « Il faut », « y qu'à », « faut qu'on »... 
Mais de l'affaire Agnès, pas un mot présidentiel, ni même une allusion. Sarkozy agit en coulisses, jamais à découvert. Qui sera dupe ?
Sur le meurtre d'Agnès, Laurent Wauquiez était inévitable, le meurtre a eu lieu dans la commune de sa mère, Le Chambon-sur-Lignon. Le chouchou de Sarkofrance, lundi matin sur Europe 1, ne voulait pas commenter d'éventuels dysfonctionnements d'une justice que son camp dirige depuis 10 ans.
Claude Guéant, ministre de l'intérieur, est intervenu tardivement, dimanche soir sur RTL, puis lundi soir sur TF1: « Oui, il y a eu dysfonctionnement ». Depuis 9 mois, Nicolas Sarkozy lui a sous-traité les surenchères en tous genres.  Il répéta ainsi une si vieille antienne sarkozyenne qu'on se demande qui dirige le pays depuis une décennie: « à 17 ans et onze mois, vous êtes soumis à un droit, à 18 ans, vous êtes soumis à un autre droit ». Il a même promis une loi, une autre, et évidemment « profonde », sur la justice des mineurs.
Mais cette « réforme profonde » sera pour après les scrutins présidentiel et législatif.  Il faut que le meurtre d'Agnès serve la campagne Sarkozy jusqu'au bout !
Lundi, François Fillon, premier ministre, a convoqué l'inévitable réunion de crise, vers 16h30 à Matignon: « la prévention de la récidive doit être une priorité absolue de tous les services de l'Etat, et en particulier de tous ceux qui ont à gérer les questions liées aux viols et aux crimes sexuels. Ce que nous voulons tirer au clair, ce sont les éventuels dysfonctionnements dans la chaîne pénale ». Sans surprise, « une série de mesures ont été proposées pour éviter que ce type de drame ne se produise à nouveau » commentait un journaliste d'Europe1.
Son garde des Sceaux a ajouté son grain de sel, promettant d'ajouter « l'évaluation de la dangerosité » dans sa loi de programmation militaire, « au moins dans les affaires les plus graves » et la généralisation de l'internement en centre fermé.
Jamais en reste pour faire parler d'elle, Rachida Dati s'est jetée sur le fait divers pour regretter que son projet de loi de réforme de la justice des mineurs ait été « laissé sans suite » depuis son départ en 2009.
Mardi, on apprenait que la capacité d'accueil des centres éducatifs fermés, créés par la Loi d'orientation et de programmation pour la Justice du 9 septembre 2002, serait « renforcée ».
Amis sarkozystes, tenez-bon.




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