Juges pas spécialistes des questions économiques. Procureurs pas secs derrière les oreilles. Magistrats instructeurs cherchant au mauvais endroit avec le préjugé désagréable que seule une instruction à charge sera adéquate dans un tel désastre. Juges du siège condamnés à traiter un dossier qu'on sait manifestement mal ficelé depuis le début. Suffisance usuelle du pouvoir judiciaire. Irresponsabilité institutionnelle de ce dernier qui est un problème majeur. Une gentillesse quasi obligée mais pas forcément opportune avec les personnalités en jeu, notamment politiques. Un coût global invraisemblable. Un temps considérable perdu.
Bref, ceci posé on ne pouvait qu'aboutir au bide total ressortant du verdict de hier au soir. Deux mini-condamnations pour la forme au sujet des fameux bonus exotiques dont on parlait ici depuis bien longtemps, et pour le reste une relaxe générale.
Franchement, pour un juge du siège il vaut mieux disposer d'un kosovar ou d'un malien voleur que d'un directeur de banque intelligent. Ca rend la tâche nettement plus facile, mais surtout ça montre les limites bien misérables d'un système et d'un pouvoir judiciaire qui ne sait pas et en l'état actuel des consciences ne saura jamais vraiment se réformer, et qui refuse de voir l'évidence par corporatisme éhonté.C'est aux politiques maintenant de tirer rapidement les conclusions de tels errements. Du balai, du nettoyage, de la modernisation et surtout le choix de magistrats de qualité qui ne soient pas en place uniquement car les horaires et le stress plutôt minimes conviennent tant à leurs envies qu'à leurs capacités. Tant que la voie de la magistrature dans le canton de Vaud sera réservée, sauf exceptions, à des avocats qui ne pourraient pas exercer cette profession avec succès, rien ne changera. Une seule instance doit être exclue de ce descriptif, c'est le Tribunal Cantonal lui-même, qui dispose lui de très bons éléments. Mais justement, c'est lui qui choisit les magistrats des juridictions inférieures…et donc c'est vers lui que les politiques doivent se tourner pour obtenir un aggiornamento efficace et rapide.
Un peu d'imagination n'a jamais nui. Il y a des spécialistes dans ce canton qui pourraient fonctionner soit comme références techniques soit comme juge laïcs. Mais on préfère les laisser sur la touche, car leur donner l'entrée du temple reviendrait à mettre les loups dans une bergerie.
Et bien sûr enfin, outre l'état d'esprit général, ce qu'il convient de changer c'est la grille et le système de rémunération tellement peu incitatifs qu'ils invitent clairement au ronronnement gentillet. Ceci dans un système dont évidemment les mesures réelles de performances et les plans de carrière francs et audacieux sont actuellement absents.