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Conférence de Durban : peut-on encore espérer pour le climat ?

Publié le 23 novembre 2011 par Bioaddict @bioaddict

Conférence de Durban : peut-on encore espérer pour le climat ?

Dans quelques jours, la conférence de Durban viendra s'ajouter à l'interminable liste de sommets internationaux voués à la limitation du réchauffement climatique. Pourquoi, une fois de plus, le pessimisme est-il de rigueur ?

Limiter les émissions de gaz à effet de serre par la prolongation du Protocole de Kyoto ou bien lui offrir un successeur. Tel sera le principal enjeu de la 17ème conférence des Parties de la Convention Cadre des Nations Unies sur le changement climatique, qui aura lieu du 28 novembre au 9 décembre 2011 en Afrique du Sud.

De l'avis de certains experts, le processus onusien n'est tout simplement pas compatible avec un renforcement de la lutte mondiale contre le réchauffement climatique. D'autres estiment qu'il faut passer le contexte défavorable de la crise, alors qu'il est déjà trop tard pour limiter les effets du réchauffement climatique. Les pays les plus exposés tels que les Maldives et certains atolls du Pacifique, subissent déjà les conséquences des variations du climat (hausse du niveau des eaux, multiplication des sécheresses, etc). Comment mobiliser davantage la communauté internationale sur ce qui est déjà un ultimatum ?

En quoi la prolongation de Kyoto est-elle une nécessité ?

Le protocole de Kyoto est le seul instrument légal qui contraint actuellement les pays industrialisés à réduire leurs émissions de carbone dans l'atmosphère, à l'origine du changement climatique. 193 Etats ont signé et ratifié ce Protocole en 1997. 37 pays développés s'engageaient ainsi à réduire leurs émissions selon des objectifs chiffrés. Les Etats-Unis tout comme la Chine n'ont jamais ratifié le pays alors qu'il s'agit des deux principaux émetteurs de gaz à effet de serre dans le monde.

Or, la première période d'engagement du protocole prend fin très bientôt : en janvier 2012. Au-délà, rien n'a encore été acté. L'Union Européenne ne s'est engagée qu'à une réduction de ses émissions de 20% d'ici 2020 sur la base des niveaux atteints en 1990. Or, cet objectif est largement insuffisant pour limiter le réchauffement climatique à 2 °C, seuil minimum requis par les scientifiques du GIEC pour limiter les impacts sur nos sociétés. Au regard des récentes données de l'OMM sur les émissions records de CO2, la communauté internationale semble plutôt suivre la trajectoire d'un réchauffement d'environ 4°C.


Lors de la conférence de Copenhague, les délégués européens ont fait l'offre " conditionnelle " de porter la réduction des GES à 30 % d'ici 2020, dans le cas où les autres grands émetteurs de carbone accepteraient " d'assumer une juste part de l'effort collectif. " Plus exactement, la signature se ferait dans le cadre d'un accord international complet pour l'après 2012 à condition que d'autres pays développés s'engageant à pratiquer des réductions d'émissions comparables. Les pays en développement devraient quant à eux apporter une contribution appropriée, en fonction de leurs responsabilités et de leurs capacités respectives.
Mais on est loin de s'approcher de l'adoption d'un tel objectif, tant les divergences entre pays développés et pays en développement sont problématiques.

Quels sont les obstacles à la réussite de ce Sommet ?

La crise économique mondiale, la fragilité politique des pays du Nord, les divergences de points de vue entre pays développés et en développement sont des obstacles majeurs. Pour aider à combler le fossé qui sépare les nations riches et les nations pauvres, les négociations se sont concentrées jusqu'à présent sur les mécanismes qui pourraient persuader les plus pauvres de signer un nouveau protocole mondial sans avoir l'impression d'être pénalisés. Les Brésiliens s'opposent par exemple à la création d'un organisme international de l'environnement mais ils militent pour la création d'une agence chargée des problèmes d'énergie afin d'encadrer au mieux la hausse des besoins en énergie des pays émergents.

D'autre part, le contexte des élections présidentielles américaines (qui auront lieu en novembre 2012) risque de jouer en faveur des républicains qui sont arc-boutés contre le protocole Kyoto, le jugeant défavorable à leurs intérêts. En cas de majorité démocrate au congrès certains experts estiment qu'il faudrait attendre au moins jusqu'en 2014 avant qu'il ne délibère et ne prenne une décision sur la limitation du réchauffement.

En revanche, la Chine s'est récemment positionnée en faveur de la prolongation du protocole de Kyoto, se disant prète à s'engager sur ce point lors de la conférence de Durban.

Et la France dans tout ça?

La France a eu un rôle de leader lors des sommets précédents en se positionnant pour la prolongation du Protocole de Kyoto. Mais dans le sillage de la catastrophe de Fukushima, le nucléaire, spécialité hexagonale, est largement discrédité en tant qu'énergie "verte". Comment va-t-elle se positionner face à des interlocuteurs qui n'y ont pas recours mais qui subissent les risques liés à l'exploitation de l'uranium et à la proximité des centrales ? 
Par ailleurs, malgré l'augmentation des surfaces agricoles bio, l'utilisation massive de pesticides sur le reste des terres agricoles met en échec l'idée même d'une croissance "verte".

Si la France souhaite conserver sa crédibilité, des progrès restent encore à accomplir.

Quels progrès peut-on néanmoins espérer de Durban ?

A Durban, l'objectif sera donc de finaliser les engagements obtenus l'année dernière au Sommet de Cancun. Les pays se sont engagés à réunir 100 milliards de dollars chaque année d'ici 2020 pour aider les nations en développement à s'adapter au coût de la limitation du changement climatique. Intitulé " Fonds Vert pour le Climat ", cette réserve serait un moteur majeur de financements pour limiter le réchauffement climatique.

Désormais, la communauté internationale doit donc mettre en place les instances qui permettront de gérer et de distribuer ce fonds
. Or, du fonctionnement du fonds dépend l'engagement des pays en développement qui eux-mêmes souhaitent voir une plus grande implication de pays comme les Etats-Unis ou la Chine. Mais, le serpent se mord la queue : avec la crise économique et financière, les pays industrialisés refusent de mettre de l'argent dans les caisses. La conférence s'engage donc très difficilement. Mais à défaut d'accorder ses violons sur un traité international contraignant, rien n'empêche les pays participants d'agir dès maintenant sur le plan national.

Alicia Muñoz


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