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La Turquie réfléchit à une «zone tampon» en Syrie

Publié le 23 novembre 2011 par Plusnet
La Turquie réfléchit à une «zone tampon» en Syrie
La manœuvre viserait à contenir un éventuel exode. Mais Ankara ne veut pas être entraîné dans une intervention. 
Quand Recep Tayyip Erdogan a recours à l'impératif à la deuxième personne du singulier, il cherche rarement à se montrer courtois. Le premier ministre turc a choisi ce registre pour intimer à Bachar el-Assad l'ordre d'abandonner sa fonction de président. «Pour le salut de ton peuple, de ton pays et de la région, quitte le pouvoir», a exhorté le premier ministre turc, mardi, au cours d'une allocution au Parlement, en évoquant la fin de Hitler et de Ceausescu.
C'est la première fois qu'Ankara demande ouvertement le départ de son ancien allié. À New York, l'Assemblée générale de l'ONU a adopté mardi à une large majorité une résolution condamnant la répression en Syrie et la «persécution» des protestataires par le régime.
 
Le gouvernement islamo-conservateur turc s'est donc résolu à mettre en conformité son discours et ses actes : son soutien à la résistance syrienne est de plus en plus manifeste - tout comme, en retour, l'hostilité de la Syrie à son égard. La veille, sur le territoire syrien, deux bus turcs qui revenaient de La Mecque avaient été la cible d'une attaque armée et deux pèlerins turcs avaient été blessés.
Tout en durcissant le ton, la Turquie ne juge pas qu'une «intervention militaire étrangère soit opportune actuellement», a déclaré le président de la République, Abdullah Gül. Mais, depuis l'afflux des premiers réfugiés syriens sur son territoire en mai, Ankara a envisagé la mise en place d'une zone tampon en Syrie, de l'autre côté de la frontière, pour protéger les civils. Cette possibilité a une nouvelle fois été évoquée ces derniers jours par la presse turque. La Turquie y aurait recours en cas d'arrivées massives de Syriens vers sa frontière.

Préparer tous les scénarios 

En plus d'une zone d'exclusion aérienne, une action militaire plus vaste pourrait être envisagée «si le régime syrien commence à massacrer à grande échelle dans une grande ville, comme Damas ou Alep», précise Asli Aydintasbas, dans le quotidien Milliyet. «Nous nous sommes évidemment préparés à tous les scénarios possibles, réagit une source gouvernementale. Mais, vu la situation, son application n'est pas plus d'actualité aujourd'hui qu'il y a deux mois.»
La Turquie partage une frontière de 877 km avec la Syrie. Sa principale préoccupation est de ne pas revivre le désastre humanitaire de 1991, quand près de 500.000 Kurdes irakiens, qui fuyaient la répression de Saddam Hussein, avaient afflué dans le Sud-Est turc. «Si une telle situation risquait de se reproduire avec la Syrie, la Turquie interviendrait, prédit ­Sinan Ülgen, un ancien diplomate qui préside le think-tank Edam. Elle le ferait avec l'aval de l'Otan, pas unilatéralement.»
Un peu plus de 7000 Syriens sont actuellement hébergés dans des camps du Croissant-Rouge installés dans la pro­vince frontalière turque de Hatay. Les Turcs sont d'autant plus mesurés sur ­cette option que, même s'ils en étaient la figure de proue, ils la perçoivent «comme un prélude potentiel à une intervention ­occidentale dont ils ne veulent pas», ­avance Henri Barkey, de la Fondation Carnegie.
Source : LeFigaro
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