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L’espace à l’épreuve de la réalité, l'édito d'Alain Cirou

Publié le 24 novembre 2011 par Cieletespace

Il y a tout juste cinquante ans, le 19 décembre 1961, sous l’impulsion du général de Gaulle, la France entrait dans l’ère spatiale. Quatre ans après le lancement du Spoutnik soviétique et huit mois seulement après le vol de Youri Gagarine, notre pays se dotait d’un nouvel organisme dédié à l’étude de l’espace : le Centre national d’études spatiales. Un demi-siècle plus tard, le même Cnes célèbre cet anniversaire à travers différentes manifestations, nous rappelant les nombreux épisodes de cette “aventure”.

Les tout premiers s’écrivent en Algérie, avec Véronique, la première fusée française lancée dès 1952 depuis la base d’Hammaguir. Puis avec les engins d’essai Rubis, Agate, Topaze et Émeraude, les fameuses “Pierres précieuses” qui vont servir de base au futurlanceur Diamant.

Avec encore, le 26 novembre 1965, la mise sur orbite de la capsule Astérix, 47 kg toutes antennes déployées, qui permet à la France de revendiquer le rang de troisième puissance spatiale mondiale, avec ce premier satellite artificiel.

Mais aussi avec la malheureuse saga d’Europa 1, en Australie ; ses neuf tirs et ses neuf échecs. Et, enfin, à Kourou, en Guyane, quand le 24 décembre 1979 s’élève dans le ciel équatorial la première fusée Ariane. Les témoins se souviennent que c’est par une bataille de boules de neige — celle formée par la condensation autour de trop-plein des réservoirs d’oxygène et d’hydrogène liquides de la fusée — que fut célébré sous les tropiques le succès de ce tir historique !

Cinquante ans d’espace français, c’est une histoire à lire, ou découvrir (1), mais c’est aussi l’envie de se projeter plus loin. D’imaginer le futur de cet “ailleurs” qui s’est aujourd’hui, en grande partie, dissous dans l’activité économique du pays et a rompu avec les clichés romantiques d’une pseudo-libération humaine de la gravité…

Aujourd’hui, l’espace, ce sont des télécommunications, l’observation de la Terre et des océans, de l’atmosphère, des nuages, des glaces et du climat. Ce sont des satellites militaires pour le renseignement et la sécurité. C’est du GPS, et bientôt du Galileo européen, avec la géolocalisation des personnes, des mobiles et des biens au centimètre près. C’est évidemment, et les lecteurs de Ciel & Espace le savent mieux que quiconque, des sondes d’exploration du Système solaire, des télescopes pour l’étude de l’Univers profond.

Enfin, aujourd’hui avec les seuls vaisseaux russes et chinois, ce sont des vols habités autour de la Terre et à destination de l’ISS. Pour faire simple, c’est du prestige, du commerce, de la haute technologie, des services, de la science et de la guerre ! C’est utile, pratique, stratégique, mais cela ne fait plus rêver. En particulier, les nouvelles générations, nées sur une planète interconnectée, mondialisée et pour une part, bercées d’aventures numériques dans les mondes virtuels. , aimait à rappeler Hubert Curien, ancien président du Cnes et regretté ministre de la Recherche. Il faudra s’en souvenir, autant pour inventer de nouveaux rêves que pour les mettre à l’épreuve de la réalité.

Alain Cirou

Diracteur de la rédaction



(1) Voir www.cnes.fr.

cieletespace 499 dec2011 couv

Découverte : une averse de comètes à l'origine des océans.

A lire aussi : Science et religion, le ciel peut-il se passer de Dieu ?

Ciel & Espace, numéro de décembre 2011.

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