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Aigles et frelons américains

Publié le 24 novembre 2011 par Toulouseweb
Aigles et frelons américainsLa carrière des F-15 et A/F-18 est à nouveau prolongée.
Quelles que soient les coupes budgétaires à venir, le Pentagone entend bien préserver des programmes considérés comme cruciaux, à commencer par le Joint Strike Fighter, alias Lockheed Martin F-35, et le ravitailleur en vol Boeing KC-46A. Sans doute ce but sera-t-il atteint, moyennant l’un ou l’autre compromis en matière de cadences de livraisons. Subsiste une sérieuse inquiétude liée à un déficit à court/moyen terme en matière d’avions de combat. D’où le regain d’intérêt pour des matériels anciens mais bénéficiant d’opérations répétées de modernisation, dont bénéficient les F-15 Eagle et F/A-18 Hornet, aigles et frelons qui reviennent constamment au premier plan de l’actualité.
Le F-15, né McDonnell Douglas, à l’époque instrument dit de supériorité aérienne, a effectué son premier vol en juillet 1972. Le F/A-18 est plus récent : il a volé en décembre 1995.
La carrière de ces deux appareils suscite d’autant plus d’intérêt que Boeing continue de les promouvoir avec une belle constance sur les marchés d’exportation. Il en résulte fréquemment des situations inattendues, Rafale et Eurofighter étant ainsi opposés à des avions américains habilement remis à niveau.
C’est ainsi que le F-15, dont plus de 1.600 exemplaires ont été produits, a remporté des marchés importants, un exemple typique récent étant celui de la Corée qui prend actuellement livraison d’un lot de F-15K (notre illustration). Ce gros biréacteur d’une masse maximale au décollage de plus de 37 tonnes est très performant même s’il ne représente plus tout à fait ce qu’il est convenu d’appeler l’état de l’art. Mais il bénéficie d’améliorations importantes, tout comme les F/A-18 Hornet et Super Hornet.
La méthode est simple : il s’agit de considérer l’avion à proprement parler comme une plate-forme, bien motorisée, capable d’être dotée d’équipements et d’armements de conception nettement postérieure au développement de la cellule. S’il est évidemment exclu d’en faire des appareils furtifs à proprement parler, leur signature radar peut être considérablement réduite, notamment grâce à la mise en place d’une nacelle de conception nouvelle. Dans le même esprit, des améliorations aérodynamiques peuvent réduire la traînée dans des proportions importantes, ainsi qu’un nouveau radar de diamètre réduit. Dans le jargon militaire américain, il s’agit de mesures «stop gap» capables de combler au mieux des lacunes opérationnelles apparues au fil des années.
Dans ce contexte, la concurrence entre avions de combat doit être vue sous un jour nouveau. La disette budgétaire qui prévaut dans un nombre croissant de pays peut conduire les décideurs militaires à accepter des compromis ou à faire des impasses. Ils tiennent compte d’études menées, pour certaines, il y a une trentaine d’années, qui ont dénoncé les travers d’une forme particulière d’escalade. A savoir la tendance à mettre en œuvre des moyens «surqualifiés», trop performants, trop perfectionnés et trop coûteux par rapport aux missions qui leur sont confiées. C’est précisément ce raisonnement qui a donnée naissance au F-16, il y a 35 ans, monoréacteur simplifié et relativement peu coûteux, devenu le compagnon du F-15 au sein de l’armée de l’Air américaine, même si sa raison d’être première était de conquérir des marchés étrangers aux dépens, notamment, des productions Dassault.
Cette semaine, la Marine américaine a confié à Boeing Defense, Space & Security un contrat portant sur l’installation sur un nombre non précisé de F/A-18 Super Hornet du système embarqué baptisé IRST, Infrared Search and Track, lequel devrait être déclaré opérationnel en 2016. Cette nouvelle amélioration a valeur de symbole. Dans le même esprit, les F-15E vont bénéficier d’un RMP, Radar Modernization Program. Détail révélateur, le contrat mettra en application une méthode de travail impliquant une cadence industrielle réduite, cela, bien sûr, pour respecter des contraintes budgétaires de plus en plus sévères. D’où l’apparition d’un acronyme qu’il sera bon de retenir, LRIP, de plus en plus répandu, Low Rate Initial Production, petites cadences liées à des commandes par lots de 10 à 17 appareils à moderniser. En clair, l’allongement de l’espérance de vie des aigles et frelons américains est une réalité tangible.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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