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Sarkozy, le président qui se croyait encore en 1960.

Publié le 24 novembre 2011 par Letombe
Sarkozy, le président qui se croyait encore en 1960.

Mardi 23 novembre, Nicolas Sarkozy célébrait les 50 ans du Centre National d'Etudes Spatiales (CNES). A priori, l'évènement n'est que protocolaire. On pouvait même légitimement s'interroger sur l'intérêt immédiat qu'avait le président français à mobiliser l'une de ses demi-journées à Toulouse alors que les marchés financiers étaient à nouveau secoués par de nouvelles menaces d'agences de notation.
Sarkozy, 1960
En fait, l'opération n'était qu'électorale. Toute la semaine dernière, médias et UMP ont amplifié la négociation difficile de l'accord EELV-PS pour le prochain scrutin législatif. S'afficher sur l'un des symboles de l'excellence industrielle de l'héritage gaulliste était une occasion de communication privilégiée pour notre Monarque. On avait d'ailleurs installé une tente immense. Pour 25 petites minutes de discours. Quand il faut célébrer, on ne compte plus en Sarkofrance !
Evidemment, le Monarque évoqua le nucléaire, pour mieux fustiger indirectement son adversaire François Hollande avec des formules lénifiantes: « J’ai la tristesse d’entendre de plus en plus de discours remettant en cause l’idée même du progrès. C’est un sujet grave car il implique un secteur industriel tout entier, des centaines de milliers d’emplois. Il doit y avoir un consensus lorsque l’intérêt de la nation est en cause. Engager la France sur cette voie, vos enfants le paieraient très cher. »
Ses conseillers lui ont ajouté un autre déplacement en urgence, ce vendredi, pour re-parler de l'atome. Il faut battre le fer pendant qu'il est chaud.
La conquête spatiale est un sujet évident et porteur pour qui veut paraître président. Nicolas Sarkozy, ce mardi, croyait endosser les habits de John F. Kennedy: « L'espace contient les clés de notre futur sur terre. Depuis 50 ans, l'espace est un élément déterminant du rayonnement de la France en Europe et dans le monde ». On pouvait rire devant le ridicule de la situation, l'incongruité de la posture.
Nicolas Sarkozy était totalement anachronique, hors sol et hors d'âge. Il nous parlait de conquête spatiale comme si nous étions encore en 1960, au beau milieu des Trente Glorieuses.
Sarko-dette, 2011
Il aurait mieux fait de s'occuper de son Triple A. L'écart de taux d'emprunts entre les obligations françaises et allemandes depuis une semaine préoccupe même les agences de notation. Mardi, l'agence Moody's a semé le trouble dans les marchés en s'inquiétant du renchérissement des emprunts français:  « les perspectives de croissance économique et la crise de la dette européenne - qui échappent tous deux au contrôle total du gouvernement -sont des facteurs de risque importants pour le bilan du gouvernement. » Mercredi, c'était au tour de l'agence Fitch, propriété du Français Marc Ladreit de Lacharrière, de s'inquiéter à son tour: « Le AAA de la France serait en danger », en cas d'intensification de la crise. Notons que Fitch avait été pourtant plus indulgente que ses consoeurs avec les Etats-Unis, dont elle a maintenu le Triple A.
Mais Sarkozy s'en fiche. Mercredi, son conseil des ministres adoptait quelques mesures contre la récidive des mineurs délinquants, dernière instrumentalisation en date d'un horrible fait divers. Et La crise financière pouvait bien attendre quelques heures. Ce jeudi, il rencontre Angela Merkel et Mario Monti, l'ancien conseiller de Goldman Sachs devenu président du Conseil italien la semaine dernière.Il paraît qu'il va montrer le nouveau visage du leadership européen. On craint le pire.
Marc Touati, directeur de la recherche d'Assya Compagnie financière, expliquait lundi dernier dans les colonnes du Monde combien la politique économique et budgétaire de Sarkofrance souffre de courte vue électorale: « Le but des plans de rigueur est de repousser l'échéance de six mois, après l'élection présidentielle. Ainsi, on ne prend pas la bonne méthode. La hausse des impôts apporte des liquidités à court terme dans les caisses de l'Etat mais elle casse la croissance : à moyen terme, nous perdrons ce que nous aurons gagné. Les marchés, qui prêtent aux Etats, ne demandent pas du marketing - un plan tous les trois mois - mais une stratégie durable ».
Le temps du Monarque n'est pas celui des marchés. Sarkozy se transforme en un de Gaulle rétréci et régressif. Comme si le monde n'avait pas changé, il pense imposer son agenda aux autres.
Drague ou trouille ?
Mercredi, le Monarque a invité quelques 3.0000 maires de l'Association des Maires de France à l'Elysée. Il les a choisi. Ce buffet courtisan ne sera pas décompté des frais de campagne du candidat Sarkozy, puisqu'il a décidé de n'officialiser sa candidature qu'à la veille du premier tour. La moitié des invités ont décidé de boycotter l'opération électoraliste du candidat Nicolas.
D'autres ont expliqué que Sarkozy avait la trouille. Le Monarque n'est pas venu, en effet, au 94ème Congrès de l'AMF qui se termine ce jeudi Porte de Versailles. Sarkozy a le temps d'aller à Toulouse pavaner devant une assistance silencieuse et choisie.
Mais il a snobé le Congrès, comme en 2009. L'an dernier, sa venue avait été sévèrement encadrée au point d'empêcher la moitié des participants d'assister à son intervention, rappelait un journaliste de RMC. Mardi, François Fillon a été dépêché sur place pour annoncer un joli et opportun cadeau: l'enveloppe de prêts publics pour les collectivités en 2011 2011 sera portée de 3 à 5 milliards d'euros. « Nous avons mobilisé trois milliards d'euros (…) pour permettre de financer à la fin de 2011 et au début de 2012 les projets d'investissements des collectivités et des hôpitaux publics. J'ai bien entendu vos inquiétudes et je vous indique que nous sommes prêts dès aujourd'hui à porter à 5 milliards ce montant.» En revanche, pas touche au gel des dotations prévu dans la loi de finances:  «L'effort relève d'abord de l'État, et nous l'assumons à travers l'un des budgets les plus rigoureux depuis l'après-guerre. Cet effort ne peut pleinement réussir que s'il engage aussi toute la nation, à tous les niveaux. Dire cela, c'est en appeler à une prise de conscience générale et à un sursaut national.» S'endetter plus pour dépenser plus ? Curieux slogan de fin de mandat...
Comme toujours, Nicolas Sarkozy n'était pas là pour assumer ses décisions. Une sénatrice et maire socialiste, François catron, a ainsi commenté l'attitude présidentielle: « Le congrès des maires se situerait à l’autre bout de la France, j’arriverais peut-être à comprendre, mais là on est à peine à 10 minutes du Palais de l’Elysée, donc ça ne va pas lui perturber son emploi du temps. Les maires se sentent méprisés. On les a montrés comme étant trop nombreux, trop dépensiers, incompétents… alors que la majorité des maires sont pratiquement des bénévoles, dévoués à leur commune, à leur territoire, et ils ressentent ça comme une insulte. Nicolas Sarkozy sait qu’il y a ce divorce-là, et il n’ose pas venir les affronter, parce que je crois qu’il ne les comprend pas ; c’est ça qui est terrible ».
Oui, c'est ça qui est terrible.

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