Elle est extrêmement courtoise et bavarde comme une pie : « je sais, je parle beaucoup » s’excuse Carine. Puisqu’il faut bien commencer par quelque chose, ce sera par sa voix : de celles qui font chavirer les sens des hommes ou celles sensuellement rauque des Italiennes. La jeune promue directrice, 32 ans seulement, prend ses marques dans mon bureau, dépose à ses pieds un sac et des dossiers et pose délicatement son ordinateur portable devant elle. Elle fait surgir avec une facilité déconcertante ses premiers souvenirs dans l’entreprise et son ressenti face aux attaques qu’elle vient de rencontrer. Comprendre pourquoi Carine est devenue en si peu de temps la coqueluche de la directrice des achats d’un groupe du CAC 40, c’est se rappeler que nous sommes tous friands de belles histoires, c’est écouter aussi quelques vérités : « ce qui compte, dit-elle, n’a rien à voir avec le nombre de personnes influentes que vous connaissez. Trop de gens cherchent la compétence au mauvais endroit ».
Pour le commun des imbéciles, être à un poste de direction d’un groupe industriel, femme et à 32 ans, est plus que suspect : c’est inadmissible !
Les mauvais esprits pensent qu’elle est liée à la famille fondatrice du groupe. En effet, on ne peut pas lui reprocher de coucher avec le patron car le patron est une… femme. Quoique… Certaines vipères se sont déchainées…
Après quelques minutes d’entretien, je découvre une jeune femme solide dont la souplesse d’esprit se devine à travers l’analyse qu’elle me livre des enjeux de son nouveau poste. Rien n’est surfait, rien n’est travaillé à outrance. Brillante, sérieuse, avec beaucoup d’humour, Carine a le sens du système D et a su se faire accepter et respecter des équipes terrain. Sur-investie mais sereine, elle a très vite compris les rouages de l’entreprise sans être politique. EFFICACE.
Et vraiment, le fait que Carine soit scandaleusement jolie est un détail.
J’ai reçu son dossier administratif quelques jours plus tôt. « THP » (Très Haut Potentiel) avait écrit ma collègue sur le mail d’introduction. Jamais aucune catégorie ne m’avait semblé aussi bien correspondre à quelqu’un.