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Le programme économique de l’UMP : des repentirs, mais pas de vrais remèdes

Publié le 25 novembre 2011 par Lecriducontribuable
Portrait Alain Mathieu

« Grâce à 15 ans de réformes structurelles, l’Allemagne a un modèle de croissance fondé sur l’exportation et l’innovation ». Le programme économique et social de l’UMP, présenté le 23 novembre, débute par un aveu de culpabilité. En effet, pendant que l’Allemagne rendait ses entreprises à nouveau compétitives, les gouvernements français, de droite et de gauche, encourageaient la paresse et l’assistanat : 35 heures payées 39, CMUC, PPE, AME, APA, RSA, PAJE, droit au logement, retraite additionnelle de la fonction publique, etc. Ils plombaient ainsi la compétitivité des entreprises françaises.

Le programme de l’UMP essaie de revenir sur certaines  de ces erreurs : les 35 heures seront « négociées » par les entreprises, les branches, les administrations « sans toucher à la durée légale ». « Avec l’UMP, la France est au rendez-vous du courage » proclame le programme. Le courage serait de dire : toute entreprise pourra déroger aux 35 heures ; les trois décrets étendant les 35 heures aux trois fonctions publiques seront abolis. Le courage de l’UMP ne va pas jusque-là. Quant aux allocations d’assistanat créées depuis 10 ans, il n’est pas question de les supprimer. Seule la PPE sera « fusionnée » avec le RSA. Ce qui ne veut pas dire qu’elle sera réduite. « Les allocations-chômage seront dégressives dans le temps ». Cette décision ne dépend pas du gouvernement, mais des syndicats patronaux et ouvriers. Le programme ne dit pas comment ils y seront conduits.

Une seule proposition est en apparence courageuse : le « cumul des revenus sociaux (y compris ceux versés par les collectivités locales) sera inférieur à 75 % du SMIC ». Il est toutefois précisé que les prestations familiales seront exclues du calcul. Pourquoi ? Quid des allocations-logement, des prêts à taux zéro, des avantages financiers dus à l’occupation d’une HLM, des avantages en nature accordés aux cheminots, aux électriciens-gaziers, etc ? Quid des logements de fonction ?  On peut douter que ces prestations seront  prises en compte dans le calcul. Des précisions seront  en tout cas nécessaires pour juger du sérieux de cette proposition.

La « transparence totale sur le versement des aides » qui nous est promise serait crédible si cette même transparence, votée il y a cinq ans par le Parlement,  n’avait pas été  bloquée par l’administration,  avec l’accord du gouvernement. De même la « carte sociale sécurisée » et le rapprochement entre les allocations versées à un ménage et ses données fiscales seraient des promesses vraisemblables si  ces actions n’avaient pas été lancées sans succès depuis 2007. Avant de renouveler des promesses qui n’ont pas été tenues, il faudrait reconnaître qu’elles ne l’ont pas été et expliquer pourquoi.

La croissance et l’emploi seront créés par le développement des PME. Fort bien. Et comment ? Le « principal frein à l’emploi dans les PME, ce sont les  effets de seuils sociaux ». Le programme ne dit pas comment il y sera remédié. Le principal frein au développement des PME ne serait-il pas plutôt leur rentabilité insuffisante, due à des prélèvements obligatoires sur les entreprises qui sont de 80 % supérieurs à ceux des  Allemands ? Rien n’est dit sur la baisse de ces prélèvements.

D’autres  propositions  sortent de la panoplie interventionniste : « moduler l’impôt sur les sociétés en fonction des stratégies de croissance ». Quel fonctionnaire devra juger de la « stratégie de croissance » d’une PME pour déterminer ses impôts ? Des « Fonds d’investissement spécialisés par filières » seront créés et gérés par l’Etat. Quatre « filières d’excellence » ont été choisies par l’UMP. C’est le grand retour de la planification soviétique. Des crédits bancaires pour les PME ? Comme si elles n’avaient pas davantage besoin de rentabilité supplémentaire. Des « filières  export » avec les grandes entreprises ? Qui  peut encore croire que cela marche ? Des « prêts de main d’œuvre entre les PME et les grandes entreprises»? On approche du délire technocratique.

L’évidence saute aux yeux : ce programme économique de l’UMP a été conçu par des fonctionnaires qui n’ont jamais mis les pieds dans une entreprise.  Son application ne remédierait pas à la principale faiblesse de notre pays : l’excès de ses dépenses publiques, qui oblige à surcharger ses entreprises d’impôts et cotisations sociales.

Alain Mathieu

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