Private Practice: 5.08/5.09 Who We Are & The Breaking Point
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L'heure de toucher le fond est arrivée pour Amelia. Private Practice trouve là le parfait prétexte pour lui accorder une large place dans un double-épisode évènement... du moins, dans sa première partie, la seconde reprenant une forme plus classique. La série s'attache ainsi dans sa première heure à traiter l'intervention du cabinet pour sauver Amelia. L'idée était bien sûr de proposer un drame aussi poignant que celui de Charlotte la saison dernière, gros challenge s'il en est. Finalement, même si je pense que l'épisode du viol n'est pas égalé, la série s'en sort tout de même très bien. Toute la violence de la situation est décrite, sans ménagement, avec une Caterina Scorsone qui livre probablement sa meilleure performance, retranscrivant avec une étonnante intensité la rage et la détresse. Bien sûr, pour traiter au mieux l'addiction d'Amelia, on se devait de revenir sur l'évènement déclencheur du problème, à savoir le meurtre de son père. Ce que l'épisode fait avec beaucoup de justesse dans des flash-backs, que je crois d'ailleurs n'avoir jamais vu aussi bien utilisés tant un réel effort de pudeur est fait pour accentuer l'émotion. Visuellement, c'est aussi beaucoup mieux que d'habitude, avec une image vieillie tout à fait appropriée. Au niveau du présent, c'est Addison qui se charge de rappeler l'influence de l'évènement, ce qui lui offre une place de choix dans l'épisode. Son attachement plus fort à Amelia lui donnait toutefois dès le départ plus d'importance dans l'intervention. En tout cas, ces deux paramètres associés permettent des scènes poignantes entre les deux personnages, dont le moment où Addison provoque la colère d'Amelia en révélant son passé.
Je craignais sinon que l'intervention s'avère quelque peu artificielle mais on prend heureusement soin de la rendre la plus authentique possible. L'implication d'une spécialiste de l'addiction y participe déjà beaucoup. Puis il y a les divers désaccords entre Addison, Sam et les autres qui y contribuent aussi en rendant le tout moins lisse. Ils permettent d'autre part des débats intéressants sur l'addiction, notamment entre Jake et Sam. Dommage toutefois qu'il ait fallut trouver une explication vaseuse à la position prise par Jake. L'intervention était quoi qu'il en soit une bonne idée pour donner davantage d'envergure à la storyline d'Amelia, en y impliquant ainsi tout le monde. Elle apparaît ici aussi comme un bon moyen d'exploiter l'excellente complicité du cast, même entre des personnages qui échangent rarement. Sans surprise, Ryan le boyfriend junkie sorti de nulle part n'y participe pas, mais témoigne néanmoins d'une certaine adhésion au principe. Reste que ce n'est pas là qu'il trouve sa principale utilité mais dans sa mort. C'est en effet là que j'ai compris à quoi il servait. Il est l'ultime étape de la chute d'Amelia, le fond du gouffre après lequel elle ne peut que rebondir. Il devient de ce fait la clé de l'intrigue et le twist est d'autant plus efficace que le personnage avait été introduit assez tôt. On aurait tout de même rien perdu à lui donner plus de relief.
En deuxième partie, la série revient donc à un schéma normal, se focalisant à nouveau sur plusieurs intrigues à la fois. Une particularité est toutefois à noter dans le déroulement des choses avec le système des ellipses temporelles régulières. Paradoxalement, alors que le procédé est surtout destiné à l'intrigue d'Amelia, c'est elle qu'il sert le moins. Il accélère bien trop sa cure, que j'aurais largement préféré suivre sur le long-terme. On tente bien de compenser l'accélération avec des tentatives d'émouvoir à travers une jeune addict pour qui Amelia se prend d'affection en désintox mais rien n'y fait. La rupture temporelle par rapport à la premère partie s'attardant longuement sur l'addiction est bien trop forte et dénature le moindre développement. Heureusement, l'interprétation de Scorsone tient toujours la route.
Les divers sauts dans le temps sont en revanche largement bénéfiques aux autres intrigues. D'abord dans le cas d'Addison où ils épargnent la frustration de l'échec de sa première tentative de grossesse et la font directement enchaîner avec une nouvelle. Sa détermination maladive pour ce projet est aussi davantage mise en valeur par son traitement sur une longue période mais également par la mise en péril de sa santé. Le tout aide aussi Sam à davantage s'investir dans la situation puisqu'il prend conscience de son impact, que ce soit sur lui ou Addison. Il était par contre superflu de conclure sur un cliff sur la probable maternité, ce qui devient redondant et prévisible. A part ça, les ellipses sont aussi très pratiques pour Violet qui en profite pour consolider son amitié naissante avec Addison et éviter de s'enliser dans son conflit avec Pete. La crise du couple est d'ailleurs bien mieux abordée cette fois, avec moins de clash forcés et surtout la mise en scène d'une lassitude entre eux, leur correspondant bien plus. La rupture finale était l'inévitable solution au problème et je suis heureux que les auteurs n'aient pas tardé à aboutir à ça. C'est d'ailleurs tout à leur honneur, la séparation devant permettre de quelque peu bouleverser l'ordre établi. Reste Cooper pour qui le procédé temporel ne change grand chose à son intrigue médical. Celle-ci s'avère par ailleurs vite prévisible et bien peu émouvante, faute de temps consacré. L'apprivoisement progressif de son fils aide toutefois à créer une vraie dimension familiale entre lui, Charlotte et Erica.
En conclusion, ce double-épisode n'est peut-être pas un chef d'oeuvre mais il tient très bien ses promesses. Malgré l'utilisation pas toujours
appropriée de certains procédés narratifs, la série profite, surtout en première partie de l'excellent esprit de groupe du cast et trouve une belle conclusion, tout en émotion, à une intrigue
ambitieuse.