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ressaisis toi, camarade François !

Publié le 26 novembre 2011 par Mister Gdec

C’est simple, la droite. La droite, c’est simple comme l’extrême droite, comme la peine de mort et comme l’immigration zéro. C’est simple comme une guerre à zéro mort, en Libye, par exemple – zéro mort sous l’uniforme français, s’entend (les civils ne comptent pas). Objectif zéro, c’est un slogan indéfiniment déclinable, sur fond de «Plus jamais ça !» Zéro chauffard, zéro fumeur, zéro SDF mort de froid, zéro princesse de Clèves… Zéro, ça marche avec tout. Zéro, c’est carré ; ça parle, ça hurle, même, mieux encore que certain AAA+, qui peut encore nourrir un débat technique chez les économistes. Par contre, zéro récidive de crime sexuel, pas besoin d’être psy-truc ou psy-machin, au zinc du café des sondages ou au comptoir de la propagande, pour avoir un avis et fabriquer une unanimité. Ne sommes-nous pas tous concernés, directement concernés ?

Certes, nous le sommes, potentiellement, mais à peu près comme tout joueur par le tirage du gros lot d’une loterie : une chance ou une malchance sur quelques milliards… Pourtant, si la statistique est ici et là impitoyable, on n’a jamais vu de programme énoncer, promettre ni légiférer le droit pour tout électeur de gagner au loto ; par contre, concernant la certitude d’échapper, lui ou quiconque de ses proches, à un adolescent criminel récidiviste, si.

Surtout en temps de crise. En temps de crise, la peur, ça marche du feu de dieu. Normal. La crise est comme la guerre ; pas le temps de rééduquer ni de faire des prisonniers : il suffit de désigner l’ennemi, de lui nier toute humanité et, en bonne logique, de l’abattre. L’incitation au suicide dans l’enfermement à perpétuité, c’est une solution, dès lors que «l’ennemi» (le jeune, l’immigré, le miséreux, etc.) est perçu comme un «prédateur» – autant dire un animal.

Pour la gauche, c’est plus compliqué, évidemment… A persister dans l’affirmation que l’individu est rééducable, à en faire même un objectif (celui que revendiquent encore courageusement, et sans que nul ne s’en avise trop, les éducateurs de la Protection judiciaire de la jeunesse, voire la direction du lycée-collège cévenol international du Chambon-sur-Lignon), elle s’expose à devoir argumenter. A redire, comme depuis Sigmund Freud, que la pulsion de mort fait partie intégrante de l’humain et, comme depuis Victor Hugo, que les prisons coûtent plus cher que les écoles ; et, contre le «chacun pour sa gueule» d’une droite de plus en plus extrême, à promouvoir les droits de l’homme – de tous les hommes – et le contrat social.

Elle n’a pourtant pas le choix, la gauche, sauf à renoncer à être ce qu’elle prétend. Surtout en temps de crise, quand c’est précisément en temps de crise qu’on en a le plus besoin. Surtout quand cette crise révèle qu’elle n’est pas que «systémique», économiquement parlant, mais que systématiquement, elle abat tous les fondements de l’humanité. On s’en veut de radoter ces évidences, mais le sont-elles encore, quand la gauche, en compétition présidentielle, passe pour réductible au Parti socialiste ? Et pis encore, quand, à propos de ces choses et de pas mal d’autres, son candidat se fait taiseux.

Pour les commentateurs autorisés, Eva Joly (qui sera bientôt «la Norvégienne» comme Marie-Antoinette fut «l’Autrichienne») fait aujourd’hui fonction de bouc émissaire, tout de même que Jean-Luc Mélenchon hier (et demain encore, n’en doutons pas). Où celui-ci persiste à réclamer un débat en lequel la gauche se retrouverait dans des alliances et des principes historiques, celle-là demande le respect d’une parole et, derrière elle, d’une morale. Est-ce qu’il craindrait de se salir la bouche, Hollande, à parler de valeurs communes avec l’une et avec l’autre, afin que contre la droite pas si désunie que cela, une gauche présente un front, sinon uni, du moins cohérent ?

Mais à tous ceux qui entendent les revendications de celui-ci et de celle-là, il est rétorqué qu’ils font le jeu de la droite en général, et du Front national en particulier. Cet air est connu et, pour tout dire, un peu lassant. A fortiori quand il tient lieu de programme.

Le PS, empêtré dans son arithmétique électorale, ne veut rien entendre à propos de gauche. Ses alliances s’élaborent sur une stratégie centro-libérale, sa morale s’accommode de tous les arrangements plus ou moins indignes et ses principes s’énoncent au doigt mouillé, en fonction des ravages d’une rigueur dont il a pris le parti. On dit que ces coups de barre improvisés constituent le prix à payer pour asseoir l’«autorité» d’un candidat en effet très «normal», sitôt qu’il adhère à la fonction présidentielle en Ve République et renonce à évoquer la VIe. Mais une «autorité» pour quoi faire, sinon un chantage implicite à l’endroit d’un électorat que plus rien ne fédérerait que le cauchemar de la réélection du sortant ?

François Hollande, qui devrait savoir qu’il ne gagnera pas seul (les primaires enchantées, c’est fini) devrait vite, très vite, s’aviser que l’antisarkozysme a ses limites. Même, voire surtout, en temps de crise.

Bravo à ce Monsieur Pierre Marcelle que je ne connaissais pas, qui a écrit cela dans Libé, journal que je ne lisais plus trop, tant il dérivait si fort… (purée, deux articles  de ce journal sur lequel je m’appuie aujourd’hui pour faire des billets ! C’est une simple coïncidence, n’en doutez pas, chers lecteurs – et lectrices – assidus…).

Mais cet article là, il vaut qu’on le partage, qu’on se l’échange, qu’on le dispatche, le commente, le triture et le débatte, qu’on en fasse un thème de discussion obligatoire dans chacune des réunions de sections, que ce soit du PS, du front de gauche, d’EELV ou de la multiplicité de petits partis et de mouvements qui tournent autour. Sans quoi, ces élections, nous les perdrons. Il y a là une vérité incontournable que Monsieur Hollande, tout imparfait soit-il, ferait bien de méditer, plutôt que de sans cesse laisser une équipe plus prompte à jeter l’anathème sur les uns et les autres qu’à dessiner une véritable stratégie d’ensemble qui nous permette de mettre à bas le tyran. Le PS ne gagnera pas sans  EELV. Le PS ne gagnera pas sans le front de gauche. Même si cela apparemment en répugne certains au PS, manifestement plus frileux et gênés avec une certaine gauche qu’avec une certaine droite… même si cela en répugne certains au Front de gauche qui ne veulent pas pactiser avec des sociaux traîtres et des salauds de libéraux… Et même si à EELV on estime, comme Eva Joly, que l’environnement n’est pas la première préoccupation des socialistes…. c’est un passage obligé pour l’emporter.Et quand j’écris cela, je me parle aussi tout haut, je tente de me convaincre (ce n’est pas facile… ). Car pour opérer un tel rassemblement à gauche, je ne suis toujours pas certain – il ne m’en a pas encore donné la preuve – que François Hollande soit le mieux placé pour y parvenir… Mais il faut bien faire avec, nous n’avons pas le choix. C’est ça, ou la révolution… Mais il ne me semble pas que les français y soient vraiment prêts..

Qu’on se le dise !


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