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Bruno Ferrero. Conte : Le nuage et la dune

Publié le 29 novembre 2011 par Unpeudetao

On sait que la vie des nuages est aussi courte que mouvementée. Or, un jour, un très jeune nuage entreprit sa première cavalcade à travers le ciel en compagnie d’une bande de gros nuages bouffis aux formes étranges.
Quand ils survolèrent l’immense désert du Sahara, les autres nuages, plus expérimentés, l’encourageaient :
 » Plus vite, plus vite ! Si tu traînes, tu es perdu !  »
Mais, comme tous les jeunes, le petit nuage était curieux et il se laissa glisser à l’arrière des autres nuages qui, eux, ressemblaient à un troupeau de bisons en pleine galopade.

 » Que fais-tu, remue-toi ! « , lui cria le vent.
Mais le petit nuage avait aperçu les dunes de sable doré : un spectacle fascinant. Et il se laissait planer d’un vol de plus en plus léger. Les dunes ressemblaient à des nuages d’or caressés par le vent.

L’une d’elle lui sourit.  » Bonjour ! Je m’appelle Age « .
 » Et moi, Une « , répondit la dune.
 » Comment vis-tu là-dessous ?  »
 » Eh bien… avec le soleil et le vent. Il fait un peu chaud, mais on s’y fait ! Et toi, comment vis-tu là-haut ?  »
 » Avec le soleil et le vent…, et de grandes courses dans le ciel.  »
 » Ma vie à moi est très courte. Et quand reviendra le vent, je disparaîtrai peut-être.  »
 » Cela t’ennuie ? « , demanda le nuage.
 » Un peu. J’ai l’impression d’être inutile.  »
 » Moi également. Je me transformerai bientôt en pluie et je tomberai. C’est mon destin.  »

La dune hésita un instant et dit :
 » Sais-tu que la pluie, nous l’appelons Paradis ?  »
 » Non ! Je ne savais pas que j’étais si important ! « , dit le nuage dans un beau sourire.
« J’ai entendu raconter par quelques vieilles dunes combien la pluie était belle. Nous nous habillons alors de parures qu’on appelle herbe et fleurs.  »
 » Oui, c’est vrai, je les ai vues « , confirma la nuage.
 » Je ne les verrai sans doute jamais « , conclut tristement la dune.

Le nuage réfléchit un moment et ajouta :
 » Je pourrai te couvrir de pluie…  »
 » Mais tu en mourrais…  »
 » Oui, mais toi, tu fleurirais « , dit le nuage. Et il se laissa tomber, se transformant en pluie aux couleurs de l’arc-en-ciel.

Le lendemain, la petite dune était couverte de fleurs.

Extrait de  » Graines de Sagesse « , Comme un parfum de rose, par Bruno Ferrero, traduction de Jean Hubler, Strasbourg, Editions du Signe, 1997.

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