Homeland: 1.08 Achilles Heel
Brody, héros ou ennemi ? Après 8 épisodes, je ne saurais toujours me prononcer. Oui même après la scène finale de cet épisode qui a tant fait parler. Que les choses soient claires : je trouve qu’elle fait très bien son travail, prenant par surprise comme il faut et rééquilibrant la balance des possibilités mais elle ne nous donne en rien le fin mot de l’histoire. Ce qui est découvert c’est que Brody est bien en contact avec les terroristes, qu’il a menti à Carrie et ces révélations devraient largement aider à relancer sa relation avec la jeune agent. Mais au fond, en savons-nous réellement plus sur les motivations du soldat ? Il pourrait en réalité prétendre avoir rejoint Abu Nazir pour jouer le rôle d’agent-double, et servir les fins des Etats-Unis. Je me fais peut-être des histoires, mais le fait est qu’à mon sens tout est encore possible tant Homeland fait un admirable travail pour brouiller les pistes. Il n’y a qu’à voir toute la partie familiale pour s’en rendre compte. Elle arrive à rendre Brody plus attachant que jamais avant ce fameux twist final laissant à nouveau le personnage dans l’ambiguïté.
D’autre part, on nous aussi prend à contre-pied en nous montrant un couple avec Jessica ressoudé alors qu’il se disloquait encore récemment. La réconciliation se fait on ne peut plus simplement mais pas moins émotionnellement, avec une Jessica faisant entendre ses excuses à Brody. Si le revirement de celui-ci m’a paru un peu soudain avec son rapide pardon, c’est complètement compensé par l’alchimie tout à fait palpable entre Lewis et Bacarin, d’autant plus exploitée grâce la sortie du couple à la soirée d’Elizabeth, la conseillères du vice-président. Celle-ci marque le retour d’une dimension politique. Ainsi, les projets de carrière qu’on prête à Brody se précisent et viennent donner davantage d’envergure au personnage mais aussi créent de nouveaux enjeux autour de son statut ambigu. De fait, si le soldat et bel et bien un terroriste, il risque bien de devenir d’autant plus dangereux s’il dispose d’un poids politique.
En parallèle, Saul et Carrie sont occupés à traquer Tom Walker, le traître confirmé. Si j’ai pu avoir quelques doutes sur la capacité de cette traque à m’intéresser, sachant que le personnage de Walker ne disposait d’aucune épaisseur, ils ont vite été balayés. D’abord parce qu’elle montre un beau travail d’équipe de Carrie et Saul, bénéficiant de l’excellente dynamique de Pantinkin et Danes. Puis surtout, parce que si Walker nous est totalement inconnu, sa femme, Helen, qui avait déjà eu droit à quelques développements est intégrée à l’intrigue pour lui donner plus de consistance. L’ajout de cet élément instable dans l’équation vient de plus pimenter le tout en provoquant même une bavure de taille. Celle-ci devrait permettre de relancer les investigations en leur donnant une tournure plus politisées.
Dans le même temps, l’épisode s’intéresse aussi aux vies privées de Saul et Carrie. Essentiellement à celle de Saul à vrai dire. Il doit faire face au départ imminent de sa femme en Inde. On est là loin des multiples rebondissements liés aux investigations et plus dans la simplicité. Mais cela fait du bien au milieu des nombreuses complications thrilleresques, d’autant que les acteurs font du très bon boulot pour porter l’émotion. La scène du départ de Mira est d’ailleurs particulièrement déchirante. De son côté, Carrie se retrouve quelque peu remuée suite au fiasco de sa tactique d’approche de Brody et cherche à s’expliquer. Elle révèle ainsi qu’elle n’agissait pas par pure stratégie, ce qui permet de revenir sur l’humanité de l’héroïne. Ses diverses confessions à Saul sur son erreur et ses peurs, en plus de sublimement exploiter la complicité des acteurs, traduisent sinon très bien la faillibilité du personnage.
En conclusion, je me suis récemment confié à quelqu’un sur le doute constant qui me caractérisait, cette incertitude obsédante. C’est peu de temps après cette discussion que j’ai visionné cet épisode d’Homeland et ça m’a frappé : Homeland est une série qui me correspond parfaitement. C’est la série du doute. Elle entretient toujours une vraie paranoïa, mène sur des fausses-pistes et nous pousse à élaborer les théories les plus tarabiscotées… pour les mettre pièces dans l’épisode suivant, si ce n’est dans la minute qui suit. Et moi faible esprit parano que je suis, totalement à la merci de la série, j’en redemande.