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Guillaume Sarkozy : la phrase qui (devrait) tuer

Publié le 29 novembre 2011 par Kamizole

En marge de l’augmentation record du nombre de chômeurs en octobre (Le Monde du 28 oct. 2011) je viens de découvrir une véritable perle sur le site de mes amis d’Actu-Chômage, à savoir une déclaration de Guillaume Sarkozy : « Je suis fier d'être un patron français qui délocalise ! Assez de faux-semblants : la perte de l'emploi, la déstabilisation industrielle, c'est normal, c'est l'évolution » dont-ils rappellent qu’il fut en son temps vice-président du Medef.

Mais il n’est pas que cela ! Après avoir planté l’entreprise textile qu’il dirigeait - il doit donc en être très fier ! - il est surtout devenu le patron du groupe Malakoff-Mérédic, société d’assurance spécialisée d’une part dans les retraites complémentaires et même les "sur-retraites" et d’autre part, les mutuelles de santé. Or, en octobre 2010 - juste avant que ne soit votée la réforme des retraites voulue par Nicolas Sarkozy, un titre du Nouvel Obs me mit la puce à l’oreille : Guillaume Sarkozy, futur bénéficiaire de la réforme des retraites ? (14 oct. 2010). Cela ne pouvait manquer de me faire réagir Maison Sarkozy & Frères : Opération « main basse sur les retraites » !(22oct. 2010). Ajoutez à cela qu’il était également question à la même époque de faire cotiser les salariés à partir de 50 ans pour financer une allocation dépendance.

Pourquoi ne pas donner cette obole à tous ces pauvres « assistés » permanents de la Sarkozie - dont Liliane Bettencourt constitue désormais le parangon - qui tendent en permanence leur sébile à l’Etat-providence qui ne leur refuse jamais rien cependant que ceux qu’ils plument sans vergogne n’ont droit quant à eux qu’aux sévices de plus en plus sévères de l’Etat-pénitence.

Il me revient à cet égard le souvenir d’une petite anecdote sans importance. Je ne saurais préciser à quelle époque relativement lointaine mais une bonne dizaine d’années. Il y eut sur le parvis de la Collégiale le tournage d’un film, pour le grand écran ou la télévision, nous ne le sûmes pas. Relativement tard dans la soirée. Les seuls échos qui nous en parvenaient, un gamin agitant furieusement une cloche en clamant : « Donnez pour les pauvres ! donnez pour les pauvres !». Il ne devait pas être très doué (ou le metteur en scène ou d’autres acteurs) car nous l’entendîmes une bonne quarantaine de fois ! Quand vous cherchez désespérément le sommeil, on trouve mieux comme berceuse.

Le principe de cette opération est simple. Les fonds de pension n’ont pas réussi à s’implanter en France, à de rares exceptions près. Guillaume Sarkozy partant du principe que la loi sur les retraites réduisant drastiquement le niveau des retraites du régime général - système par répartition - il convient d’augmenter l’offre de retraites par capitalisation. Le modus operandi est fort simple, il cherche à s’adosser - à des partenaires publics et non des moindres : Caisse des Dépôts (CDC) - qui par extraordinaire gère le Fonds de réserve des retraites ! - et la Caisse nationale de prévoyance (CNP) - filiale commune de la CDC, de la banque postale et des Caisses d’épargne.

Je ne saurais dire si le projet aboutit mais Guillaume Sarkozy espérait créer une société commune avec ces entités publiques qui deviendrait ainsi un poids lourd quasi incontournable des sur-retraites complémentaires, raflant une bonne part de ce nouveau marché estimé entre 40 et 100 milliards d’euro.

Nous savons de surcroît que la Caisse d’épargne fusionna avec la Banque Populaire, cet ensemble étant dirigé par Christian Pérol - ex conseiller de Nicolas Sarkozy à l’Elysée - qu’il réussit à imposer au plus grand mépris des règles les mieux établies sur le « pantouflage » des hauts fonctionnaires qui interdit leur nomination dans des entreprises privées quand ils ont été en charge de leur dossier, ce qui était exactement le cas puisque Pérol avait piloté la fusion ! Affaire Pérol : un nouveau gros mensonge de Nicolas Sarkozy (26 février 2009) qui fait référence aux articles de presse de l’époque.

De fait, pour mieux tondre les Français, les frères Sarkozy ont inventé un rasoir à double lame : Nicolas Sarkozy profite d’être à la tête de l’Etat pour imposer par la force une réforme des retraites qui réduit les revenus des retraités (en les forçant de surcroît à travailler plus longtemps pour gagner moins !) et favorise les intérêts de son frère en sous-main (il fallait bien évidemment son aval pour imposer la création d’une société privée à des organismes publics) lequel n’a plus qu’à tirer les marrons du feu. Des Goldman Sachs à la française

Il restera à se demander de quelle manière il s’y prend pour délocaliser les emplois d‘une entreprise tertiaire. De mon avis en externalisant dans les pays à faible coût de main d’œuvre mais avec du personnel d’un niveau culturel suffisant pour traiter toutes les opérations comptables et informatisées.

Comment voudriez-vous que cette profession de foi ultralibérale ne me mît point dans une colère noire : « la perte de l'emploi, la déstabilisation industrielle, c'est normal, c'est l'évolution »… Conviction que Nicolas Sarkozy partage sans nul doute nonobstant toutes ses déclarations la main sur le cœur (côté  portefeuille ! Cela s‘entend). L’un pourra dire « Maman j’ai rétréci la France ! » et l’autre : « Maman, j’ai rétréci l’emploi »… Décidément, Madame mère aura donné une bien curieuse éducation à ses rejetons.

Bien entendu, nous n’avons pas à nous soumettre à cette « évolution prétendue normale » qui est tout à fait contraire non seulement à nos intérêts - de citoyens, contribuables, salariés ou retraités et consommateurs - mais encore contre nature. Aux chiottes ! leur nouvel ordre économique international. Mieux vaudrait d’ailleurs parler de "désordre" encore que le terme soit bien faible pour décrire le bordel généralisé dans lequel les seuls intérêts de la Planète finances et ses prédateurs gloutocrates ont fait tomber le monde entier.


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