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Espace lacunaire et global commons

Publié le 30 novembre 2011 par Egea

Hier, au colloque, il y a eu pas mal de débat autour de la notion de milieu : quelle était la référence adéquate pour permettre de penser le milieu cyber ? Et inévitablement, un intervenant a évoqué les "global commons", ces "espaces communs" (mer, air, aérospatial, cyberespace) selon la catégorisation venant des États-Unis et, tout particulièrement, d'ACT.

Espace lacunaire et global commons
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Joseph Henrotin a de même évoqué la notion d'espace lisse : celui-ci est issu d'une catégorisation proposée, en son temps, par le philosophe français Deleuze (voir éléments de définition ici), qui opposait des espaces lisses aux espaces striés. Et par esprit d'escalier, je me suis interrogé sur ces notions et leur application à la stratégie.

1/ En effet, un espace lisse n'est pas un espace "strié", c'est-à-dire rempli d'obstacles et de frictions. L'exemple le plus abouti d'espace strié est l'espace terrestre, ce qui explique la "complexité" et l'imprédictibilité de la manœuvre stratégique en son sein, surtout si on y ajoute la couche humaine, celle des populations/habitations/représentations, perçue de façon plus nette depuis la prise de conscience de la guerre asymétrique.

2/ A l'inverse, des espaces lisses permettraient des manœuvres beaucoup plus fluides à cause justement de l'absence de ces résistances. C'est discutable, probablement, mais je ne m'attarderai pas là-dessus.

3/ Il m’intéresse en effet de revenir sur l’assimilation des espaces striés à l'espace terrestre : souvenez-vous, la grande innovation conceptuelle des années 1990 avait été celle d'espace lacunaire. Là encore, une notion tirée de la physique théorique (l'essentiel de l'espace est "rempli" de vide, avec donc peu de matière), et transposée au débat stratégique. Cela signifiait la disparition de la structure de "fronts" qui avait été l'essentiel de la bataille, au cours des générations. Désormais, la discontinuité des dispositifs était structurelle, et seuls quelques éléments discontinus permettaient d'agir localement, en fonction de la mission ou de l'effet recherché (une approche sur les effets avant l'heure), ce qu'on avait aussi appelé "manœuvre vectorielle".

4/ Or, j'ai le sentiment que cette "lacunarité" de l'espace est une donnée partagée par les global commons avec le milieu terrestre. Les premiers ne seraient donc pas si différents du second, du moins tel qu'on le pratique aujourd'hui.

Et du coup, la comparaison obligée du cyber avec l'espace maritime n'irait plus autant de soi.

Quelques idées émises, sans assurance.....

Réf : on se reportera bien évidemment au billet de Stent sur les espaces lacunaires stratégiques.

O. Kempf


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