Sur la route je vais,
Déclinant mon errance.
Je suis parti, il y a longtemps déjà,
Du pays de l’enfance et des songes profonds.
J’ai marché au hasard, par des terres inconnues,
Qui n’avaient pas de nom et jamais n’en auront.
J’ai croisé parfois, au carrefour des chemins,
Des hommes ou des femmes qui me dévisageaient.
« Qui es-tu ? » me demandaient-ils,
« D’où viens-tu et où vas-tu ? »
Mais moi je ne disais rien
Et continuais ma route, éternel étranger,
Devancé par mon ombre aux contours incertains.
Je dormais dans des granges,
Et les nuits de brouillard,
Il me semblait entendre
Des voix aux accents étranges,
Des voix venues d’ailleurs, de plus loin que la tombe.
Alors, perdu dans ma langue,
Etranger à moi-même,
Je reprenais ma route,
Sous la lune de novembre.
Je m’inventais des contes étranges,
Des histoires profondes
Et même des poèmes, aux rimes hallucinées.
Je les notais dans des cahiers bleus
Avec une encre noire
Et dans la forêt obscure
Je les lisais aux loups, assis en rond,
Dans la lumière de l’éternelle lune.