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Patricia Laranco .

Par Ananda

On peut envisager l’être humain (entre autres) de deux façons : en tant qu’individu unique et en tant qu’individu relié.

Une trop grande insistance sur la vision « relationnelle » l’emprisonne. A contrario, une vision focalisée sur son caractère d’individu unique, sans lien, farouchement jaloux de sa « liberté », de son indépendance (comme c’est, par exemple, le cas dans la vision individualiste occidentale) finit trop souvent par le réduire à une monade qui, à la limite, n’a ni descendants, ni ancêtres, ni héritage à recevoir ou à transmettre, ni lien avec la globalité du monde qui l’environne, ni histoire en dehors des limites somme toute mesquines de sa propre vie.

Dans les deux cas, les ravages causés par la négation sont considérables, car la nature de l’Homme est double : individuelle et reliée.

L’essence de toute créativité n’est-elle pas « marginale » ?

La créativité n’est-elle pas l’une des formes de l’altérité ?

C’est autour et à partir du besoin impérieux qu’a le petit d’Homme de sécurité, de stabilité et de repères que s’élabore toute la rigidité des sociétés humaines, centrées sur la famille. L’enfant, puis l’Homme, ont besoin de se sentir liés, intégrés au groupe social. Ce besoin s’ancre dans leur biologie même (les neurones-miroirs) et dans leur nature même (fortement mimétique).

Dans un tel contexte, l’altérité, la différence, voire la créativité apparaissent tout à la fois comme des tentations et des menaces. En tant que telles, elles font naître la peur de ce qu’on ne comprend pas mais qu’en même temps, on pourrait être (ou souhaiterait être, secrètement). Elles déstabilisent et remettent en cause des choix d’identités, de comportements. Sans même le vouloir, et qu’elles le veuillent ou non, elles proposent un « exemple ».

L’Homme est plastique, ce qui ne l’empêche pas d’être hautement conservateur. Mais peut-être, justement, est-il conservateur PARCE QU'IL est plastique, pour compenser sa phénoménale adaptabilité et sa non moins phénoménale receptivité à l'autre qui l'expose sans cesse à ce  qu'on pourrait appeler la "contagion comportementale".

De toute façon, il est capable de tout et de son contraire.

P. Laranco


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