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Mal journalisme au Figaro

Publié le 26 février 2008 par Zadvocate

Mon confrère EOLAS a créé sur son blog une catégorie d’articles intitulée “Mon amie la presse” par laquelle il met à jour les travers journalistiques lorsque sont évoquées des questions juridiques ou judiciaires.

J’ose espérer qu’il ne m’en voudra pas de m’inspirer de son idée pour évoquer un petit article paru sur le site du Figaro aujourd’hui et qui m’a particulièrement agacé.

L’article intitulé “Dominique C. affirme qu’il recommencera dès la sortie” s’inscrit dans le débat actuel relatif à la loi sur la rétention de sûreté et la censure par le Conseil Constitutionnel de son caractère rétroactif.

Le journaliste explique que le Dominique dont s’agit est un “violeur en série” et a été condamné en l’an 2000 par une Cour d’assises à 20 ans de réclusion criminelle et qu’il est libérable en 2010.

L’article rappelle que Rachida DATI a évoqué son cas lors de son intervention à l’assemblée nationale le 8 janvier dernier dans le cadre du débat sur le texte en indiquant que l’individu avait affirmé vouloir récidiver aussitôt libre.
Bien évidement, l’évocation de ce cas précis devait être un argument de poids en faveur du vote du texte.

Pourquoi mal journalisme me direz-vous ?

Et bien parce que le titre de l’article est une affirmation sans aucune démonstration dans le corps de l’article lui-même.

Bien au contraire, l’article rappelle que l’avocat du détenu a été contacté et a contesté le fait que son client ait pu s’exprimer en ce sens ce qui ne correspondait pas à son caractère.

De même, un gardien du centre de détention de Riom qui connaît le détenu dit ne jamais l’avoir entendu s’exprimer ainsi.

Comment dès lors un journaliste digne de ce nom (l’est-il vraiment ?) peut il se contenter des déclarations d’un Ministre dont l’objectivité est sujette à caution alors qu’elle s’exprime pour promouvoir le texte qu’elle soumet au vote du parlement ?

N’est-il pas dans la mission d’un journaliste de vérifier les informations qui lui sont transmises plutôt que de les tenir pour acquises ?

N’aurait-on pas pu tenter de recueillir la position de l’intéressé lui même ?

Au pire, une certaine neutralité aurait pu être retenue.

La charte des journalistes pourtant vieille de 89 dispose que le Journaliste tient la calomnie, les accusations sans preuves, l’altération des documents, la déformation des faits, le mensonge pour les plus graves fautes professionnelles.

Mais l’auteur de l’article ne s’arrête pas la.

Évoquant les faits pour lesquels Dominique C. a été condamné, il écrit:

Interpellé en novembre 1996, le violeur a été reconnu par quatorze victimes et renvoyé devant la cour d’assises de l’Isère. À l’audience, il a reconnu trois agressions pour lesquelles il avait été confondu par des tests ADN et s’est excusé auprès de ses victimes. En revanche, il a nié l’ensemble des faits pour lesquels il n’existait pas de preuve matérielle, ne montrant aucune compassion pour les plaignantes.

.

La dernière phrase de ce paragraphe ne laisse à mon sens aucun doute sur l’opinion de ce journaliste à l’égard de l’intéressé.

Que doit-on déduire de cet article ?

Que son auteur est un soutien actif du gouvernement ? Qu’il n’est pas un professionnel accompli ?

Dans les deux cas, cela ne fait pas honneur à la presse.


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