Six stratégies possibles pour le mouvement des Indignés, laquelle choisir ?
Publié le 01 décembre 2011 par Plusnet
En six mois des dizaines de millions de personnes sont sorties dans la rue au sein du mouvement des Indignés, dans plus de 80 pays, pour plusieurs raisons. Les motivations et les revendications des manifestants, quoique différentes au sein même des participants, peuvent se résumer à la volonté d’une maîtrise de l’économie et de la finance par le politique, et à la volonté de mettre en place de vraies démocraties ou les citoyens aient un vrai pouvoir.
Plusieurs destins sont envisageables pour ce mouvement sans précédent, selon les tactiques et les stratégies qui seront adoptées par les assemblées populaires et exposées par la communication du mouvement. Ce sont les gens qui participent au mouvement qui lui donnent son orientation : ils doivent être conscient des possibilités existantes, afin de faire des choix et d’orienter le mouvement de manière à maximiser sa réussite.Je vais présenter six possibilités d’évolution pour le mouvement. Ces différentes présentations ne tiennent compte que des choix idéologiques stratégiques adoptés, le paramètre qu’est la mobilisation effective ne peut pas être plus détaillé.
Le mouvement reste hors des institutions et des structures étatiques :
- Le mouvement est anticapitaliste révolutionnaire
Le mouvement est une force révolutionnaire anticapitaliste, qui veut supprimer le capitalisme sans passer par les institutions actuelles. Le mouvement reste spontané et autogéré (ou se hiérarchise et devient un mouvement marxiste léniniste), c’est une force anarchiste globale qui refuse la hiérarchie. Cette possibilité est inédite ( jamais une force anarchiste majeure n’a émergé dans plusieurs pays), mais comporte des points faibles. En effet, malgré le fait que le communisme n’ait jamais existé sur Terre (c’était alors du capitalisme d’État), les gens associent communisme et goulag (surtout le marxisme léninisme). De plus le formatage capitaliste empêche l’émergence d’un courant anticapitaliste fort à toute la société. La radicalité de l’anticapitalisme et de l’anarchisme peut repousser plus d’une personne. Le développement d’un tel mouvement peut réussir, à condition que la démocratie fasse partie du projet porté par le mouvement.
- Le mouvement est une sorte de lobby pour la démocratie ou contre le capitalisme
Le mouvement peut-aussi avoir comme simple but d’influer sur la classe politique, économique et sur les citoyens en instaurant un débat. Dans ce cas le mouvement risque de vite s’essouffler, car il est voué à ne pas jouer de rôle majeur dans les décisions politiques, si ce n’est pas la prise de parole. Si le mouvement revendique qu’il ne mènera ni révolution ni qu’il sera une force politique majeure, alors les gens arrêteront de lutter pour une impasse.
- Le mouvement est démocratique révolutionnaire
Le mouvement rejette le système politique en place. Il juge que les maux de la société (crises) viennent du fonctionnement oligarchique de nos républiques (une république est synonyme d’oligarchie), et il propose une vraie démocratie (à définir). Le mouvement construit donc une vraie démocratie dans la rue et crée une vrai débat sur la politique : il ne peut que s’amplifier et rassembler toujours plus de masses, compte tenu de la méfiance des gens à l’égard des politiciens. Reste un problème : trouver les modalités d’une démocratie réelle.
- Le mouvement revendique à la fois du social, de l’économique et la démocratie
Le mouvement est toujours révolutionnaire, mais cette fois ces revendications sont multiples : d’un côté démocratie réelle, et de l’autre, des réformes sociales et économiques. C’est ce dont le mouvement semble le plus se rapprocher actuellement. Le problème dans la mise en avant de solutions économiques et sociales, c’est que le mouvement se situe désormais sur l’échiquier politique, et qu’il se coupe ainsi d’une partie de la population. De plus, si le mouvement veut mettre en place une réelle démocratie, il ne semble pas falloir exiger un programme précis avant que la démocratie soit mise en place.
Le mouvement rentre dans le cadre des institutions :- Le mouvement devient un parti anticapitaliste
Le mouvement se transforme en force politique comparable au NPA ou aux partis politiques de la gauche de la gauche (ces partis mettent déjà la démocratie directe en avant). Le piège électoral condamne le mouvement (la plupart des anticapitalistes et des vrais démocrates ne votent pas car ils ne reconnaissent pas la légitimité de l’État actuel).
2. Le mouvement se transforme en parti démocratique et démocrateLe mouvement ne revendique que la mise en place d’une réelle démocratie (à définir). Trois contradictions majeures : -le mouvement remet en cause le système politique actuel tout en y participant. -la représentation et la personnification du pouvoir mises en place dans le parti(à moins de trouver de nouvelles modalités pour un parti) sont ce que combat le mouvement. -les partis politiques sont antidémocratiques ( ils freinent le débat, l’autodétermination et la capacité des gens à réfléchir par eux-mêmes – ils défavorisent la morale et la justesse des décisions prises par le jeu des alliance et des stratégie). Comme pour le parti anticapitaliste, les chances d’obtenir le pouvoir par les urnes sont très minces car les vrais démocrates sont contre le vote délégataire, même si c’est pour ensuite créer une vraie démocratie. Mais cela pourrait avoir des avantages relatifs, notamment celui d’une visibilité différente par la familiarité qu’ont les gens et les médias avec les partis politiques.
Source : ActuaLutte.info