Pour Noël 2010, Aelya m'a offert un stage Rally d'une journée complète sur le circuit d'Essay à proximité du Mans.
Il y a quelques semaines, j'ai donc utilisé mon bon cadeau pour profiter de cette journée pilotage organisée par Aspirall, une structure de 3A Competition.
Commençons par l'aspect administratif de ce genre de stage et c'est peut-être la plus grosse faiblesse... En effet, il y a beaucoup de marketing pour les cadeaux de Noël mais on se rend vite compte que seuls 3-4 dates par an sont disponibles et encore pas plus de 3-4 mois à l'avance.
Quand vous venez de loin, comme nous de Bruxelles, cela demande une sacrée organisation et au final, on plonge sur n'importe quelle date proposée, tout simplement pour ne pas retarder le stage de 4 mois de plus. Il nous aura donc fallu quasiment un an avant de pouvoir faire ce stage... Dommage qu'entre le message marketing et la réalité, il y ait un monde de différence.
Heureusement une fois la date planifiée, le stage en lui-même s'avère impeccable.
Après une nuit dans un Campanile et un petit déjeuner avalé en vitesse, me voilà fin prêt samedi matin à apprendre à piloter les Peugeot 206 Groupe N gentiment rangées le long de la piste, oui, oui, apprendre. J'insiste sur le fait d'apprendre car de très nombreux stages de ce type vont vous proposer 2 tours en Ferrari ou 5 tours en Formule Renault ou toutes les variations possibles mais il est très rare que ces stages insistent sur l'apprentissage du pilotage.
Ici, on s'amuse finalement assez peu mais on emmagasine un nombre d'information incroyable en une journée. De quoi remettre en question toutes nos habitudes de conduite dans la vie de tous les jours.
Au matin, après un bref cours théorique, nous avons appris à bien tenir le volant et à le tourner correctement (ça à l'air bête mais c'était peut-être l'exercice le plus difficile), ensuite, exercice de freinage d'urgence (histoire de bien brûler la gomme) et on termine la matinée avec le passage d'un virage à 90 degrés. On apprend à tenir une trajectoire pas forcément naturelle, à freiner fort mais pas trop et à virer au bon moment.
Et c'est là qu'on se rend compte que le pilotage, ca s'apprend car entre le blocage des roues et la tendance naturelle à débrayer en même temps qu'on freine, on a vite fait de tirer tout droit.
L'après-midi a été plutôt consacrée à l'apprentissage de techniques avancées de pilotage comme le double débrayage ou le talon-pointe, deux techniques qui permettent de gagner du temps au rétrogradage (1 seconde au km en rally) tout en soulageant la mécanique.
Et là, on se rend compte que piloter, c'est un vrai métier car arriver à fond sur un virage à 90 degrés, freiner tard et fort (sans allumer les pneus), faire son double débrayage, sa relance moteur tout en rétrogradant et en inscrivant la voiture dans le virage, c'est vraiment faire 10.000 choses en maximum une seconde. Et encore, nous n'arrivons pas à 200 km/h sur le virage comme c'est courant en Rally.
Mais en tant que gamer confirmé, est-ce que mes centaines d'heures de jeux sur les simulateurs m'ont permis de mieux m'en sortir ou pas ?
La différence entre la simulation et la réalité reste énorme et ce pour plein de raisons sur lesquelles les développeurs n'ont pas vraiment la main.
D'abord, les sensations sont très différentes. Dans la réalité, pas de "Try Again", si on se plante dans le mur, c'est pour de vrai, on a donc tendance à relâcher l'accélérateur un peu tôt parce que le mur approche quand même très vite.
Dans mon salon, derrière mon G27, pas de force centrifuge pour me caler dans le baquet ou au contraire déséquilibrer mon freinage parce que je n'ai pas calé mon pied gauche pour m'empêcher de bouger pendant la phase de freinage.
Ensuite, les limites de la télévision en elle-même, difficile de s'entrainer dans un jeu à projeter son regard à la sortie de virage quand celui-ci n'est pas dans le champ de vision de la télévision !
Mais d'autres caractéristiques des simulateurs peuvent réellement permettre d'améliorer son pilotage !
Par exemple, on peut entrainer sa tenue de volant, son jeu de pied avec un bon pédalier course et même s'entrainer au double débrayage et au talon-pointe. Les simulateurs peuvent donc vraiment aider à l'apprentissage du pilotage mais ne suffiront jamais à faire de vous un pilote complet, essentiellement par le manque de stimulation physique.
Conclusion
De cette journée épuisante, j'ai retenu une rencontre avec deux moniteurs (Greg et Yoann) enrichissante et très sympathique mais aussi et surtout l'impression de devoir oublier tout ce que l'on sait sur la conduite "traditionnelle" pour apprendre à piloter une voiture. Contrôler son bolide en toute situation et à toute vitesse, c'est finalement cela toute la différence entre conduire et piloter.
Et en bonus, voici une courte vidéo de ma performance de fin de de journée : 2 tours sur le circuit complet d'Essay (avant, nous avions réalisé toute une journée d'exercice sur un virage précis). Le circuit est balisé par des cônes et plusieurs zones d'exercice de slalom et de freinages d'urgence sont installées afin de nous obliger à appliquer ce que l'on a appris toute la journée sans oublier le crédo du jour : Décomposer son geste au freinage et ne pas tout faire en même temps !