Il fait frais en Israël ce mois de novembre, de façon inhabituelle. J'écris peu. La pluie qui si soudainement était venue signifier la fin des jours d'été n'a d'abord plus semblé cesser. Transie de froid et d'eau glacée dans mon uniforme, j'ai arpenté les rues de Jérusalem, visité des immeubles en ruine, passé des auditions devant un jury de colocataires frileux, exploré des appartements en plus ou moins bonne compagnie, espéré, attendu. Et peut-être enfin trouvé.
En attendant, les nuages ont fui, chassé par un vent poussiéreux, qui balaye le sable des rues et agite les bras ballants des glycines sur les terrasses. Le soleil à Tel Aviv perce entre les feuilles jaunies des allées et crépite sur les aspérités des murs blancs face à la mer. Mes cartons sont empilés, déposés chez Eléa. J'ai rendu les clefs de mon taudis à deux pas de la plage. Plus d'attaches.

Retour prévu à Jérusalem, donc. Une chanson populaire du groupe hiérosolymitain Hadag Nahash¹, entre hip hop et funk, et d'ordinaire plutôt à gauche, résume l'éternelle hésitation des jeunes laïques israéliens entre Tel Aviv et Jérusalem. L'exode n'en finit plus, les couples quittent la capitale pour le centre du pays, poussés dehors par la pression religieuse et le manque de logements abordables. Les relations avec la population ultra-orthodoxe se tendent avec les années, se cristallisent sur la place des femmes en société, alors même que Jérusalem se modernise enfin un peu. Bus séparés, et rues divisées ont fait leur apparition - à l'horreur de ceux qui rêvaient de voir la ville changer. Et pourtant, la vie laïque n'a jamais été aussi organisée et encouragée que sous cette municipalité. Fêtes de rues, festivals, concerts, nouveaux cafés, magasins branchés, maisons de disques et adresses ouvertes durant le shabbat, il existe une réelle toile de lieux réservés au public non-religieux, souvent étudiant.
