Magazine Bd

Comment écrire un bon personnage féminin avec Ron Marz

Par Katchoo86

Sara Lima la chroniqueuse de choc de ComicVine a interviewé Ron Marz sur sa vision et sa façon d’écrire ses personnages féminins, je vous laisse lire cet article traduit par mes soins (désolée pour les petites fautes d’énonciation mais vous avez l’habitude ;) )

Si vous êtes un écrivain masculin dans une industrie dominée par les hommes (comme celle des comics par exemple) l’écriture des personnages féminins vous amène souvent à faire face à un certain examen de la part des lecteurs qui vont se demander si le portrait de ce personnage est approprié et si il est ou non “sexiste”.

Comment écrire un bon personnage féminin avec Ron Marz

La définition dans le dictionnaire du terme «sexisme» est l’attitude ou le comportement fondé A) sur des stéréotypes traditionnels et des rôles sexuels B) sur la discrimination ou la dévaluation fondée sur le sexe d’une personne. Et tandis que la définition peut sembler assez simple, elle est toujours incroyablement vaste. Lorsque nous l’appliquons à la caractérisation des personnages féminins dans la bande dessinée cela nous laisse beaucoup de place pour spéculer si oui ou non la façon dont un personnage dépeint est «sexiste». Il n’est pas étonnant que la plupart du temps les bandes dessinées depuis leurs débuts ont été un peu, eh bien, sexistes. Plutôt que de se plonger dans si oui ou non cela est vrai (il ya beaucoup d’articles en ligne, vous pouvez lire ceux qui cautionnent cette idée) il vaut mieux prendre du recul et se demander ce qui fait que l’écriture des personnages féminins est si difficile pour certains écrivains, et comment est-ce différent d’écrire un personnage masculin.

Quand un créateur prend les rênes d’un titre avec un personnage féminin, la dernière chose qu’ils veulent c’est d’être perçus comme sexistes. Ils ne veulent pas écrire un personnage sans profondeur, qui est confiné à des stéréotypes de genre et dont la seule consistance est d’avoir des “yeux de biche”. Mais cela n’a pas toujours été le cas.

Une grande partie des comics à partir des années 90 ont connu le succès parce qu’ils répondaient à cette image très excessivement sexualisée des personnages féminins. En fait, le style d’art populaire de l’époque a vraiment renforcé la sexualisation des femmes dans les bandes dessinées. Des artistes tels que Michael Turner, Marc Silvestri, David Finch et Jim Lee ont eu tous tendance à dessiner les femmes de manière très provocatrice. Mais ce n’était pas seulement l’art qui a renforcé cette idée, l’écriture a aussi laissé entendre que les femmes existaient souvent uniquement pour pousser l’intrigue, et qu’elles n’avaient pas de valeur réelle dans l’histoire.

Prenez par exemple, Witchblade dans les années 90 écrite et dessinée par Marc Silvestri, les livres étaient esthétiquement agréables, mais les histoires ne faisaient pas un très bon boulot en dépeignant Sara Pezzini en une dure à cuire, et un personnage féminin fort. En fait, avant que l’écrivain Ron Marz débarque, Sara a passé beaucoup de temps en ayant ses vêtements arrachés dans pratiquement chaque numéro.

Certains diront que Ron Marz a révolutionné Sara Pezzini et insufflé une nouvelle vie dans son personnage pendant son run de Witchblade qui a duré 70 numéros. Vous pouvez pratiquement voir l’évolution de son personnage basé sur les couvertures de Witchblade - elle peut avoir débuté dans un bikini de métal, mais à la fin du run de Ron Sara allait finir dans une armure complète. Et quand elle n’était pas parée de métal, elle était dans un T-shirt col rond, en jeans arborant son badge de police. Ce n’était pas seulement l’imagerie que Marz a changé, c’était le personnage en lui même. Sara a mûri sous la plume de Ron, devenant elle-même. Elle est devenue une mère et aussi une flic beaucoup plus consciente. Elle est intéressante, et très différente de son incarnation originale. Sous Ron, Sara Pezzini a eu une chance d’évoluer. Et c’est ce qu’elle a fait

Nous avons décidé de demander à Ron comment il s’y prend pour écrire un personnage féminin solide et quelles sont les qualités et les caractéristiques que celui-ci aurait besoin d’avoir. Vérifiez sa réponse, ci-dessous.

“Honnêtement, je n’approche pas l’écriture des personnages féminins différemment que lorsque j’aborde l’écriture des caractères masculins. J’essaie de les écrire individuellement et qu’ils soient en trois dimensions plus que possible. Manifestement le sexe de quelqu’un est un des traits qui est un véritable facteur, mais ce n’est certainement pas le seul. Un personnage crédible a besoin d’avoir des aspects positifs et négatifs à sa personnalité, alors j’essaie de construire ça dans tout ce que j’écris. S’il y a une constante dans ma façon d’envisager l’écriture des femmes, c’est probablement que je tente de les décrire comme plus matures émotionnellement que les hommes. Chose que je ressens comme  étant assez souvent le cas dans la vraie vie. Pour moi, un personnage fort n’a rien à voir avec la force physique, il s’agit de la force de leur volonté, leur détermination. J’ai regardé ma femme donner naissance aux trois de nos enfants, l’accouchement était complètement naturel, sans médicaments, sans péridurale, rien, sauf sa force et sa détermination. Vous ne pouvez avoir été le témoin de quelque chose comme ça sans avoir une meilleure compréhension de la manière dont une femme peut être forte. Cette mentalité guerrière je l’ai vu chez mon épouse et c’est définitivement quelque chose qui m’inspire. J’ajouterai que vous avez à équilibrer sa force avec une certaine vulnérabilité, ou le personnage n’apparaîtra pas comme crédible. Un héros peut botter des fesses et être vulnérable ou même dans le besoin à certains moments. La chose importante, je pense, est de s’assurer que votre héroïne ne se définit pas, ou n’est pas considérée comme secondaire pour les hommes dans sa vie . Le coup de la demoiselle en détresse est une connerie. Une des raisons pour laquelle j’ai un problème avec” Twilight “, c’est que le personnage de Bella est défini par le brillant Vampire Boy. Le  premier but du personnage principal est d’obtenir un copain. C’est un peu boiteux».

Comment écrire un bon personnage féminin avec Ron Marz

Je ne peux pas parler pour tout le monde, mais je dois admettre que je suis d’accord avec Ron au sujet des objectifs d’ensemble que le personnage doit avoir. Si tout ce qu’elle fait est de courir après des vampires scintillants, je ne peux pas dire que ça la rend très attrayante.

Elle devrait juste être plus qu’une fille qui est sur cette quête d’un petit copain. Le fait qu’elle veuille être dans une relation ne doit pas la définir.

Souvent les personnage féminins sont dépeints comme étant très sexy. La question est de s’assurer que le personnage conserve sa sexualité et son sex-appeal sans être exploités et hypersexualisés. C’est souvent un grand défi pour les écrivains.

Pour Ron, vous pouvez avoir une femme sexy. Vous pouvez avoir une femme forte qui arrive à travailler dans l’industrie du sexe (c.-Voodoo ) mais si c’est la seule qualité qui la définit, cela devient alors un problème.

“Chacun a sa propre définition du sexy. Je pense que c’est une des raisons pour laquelle c’est toujours un sujet brûlant. Certains traduiront le terme de Sexy en salope. Pour moi, il s’agit de donner un sens à l’histoire. Dans Witchblade, il n’y a jamais eu de sens pour moi que Sara passe son temps à courir dans un bikini de métal. Donc la première chose que nous faisions était de se débarrasser de cette histoire. Nous avons encore fait quelques scènes sexy, quand Sara a été avec son petit ami, ou avec Jackie Estacado, mais c’est une histoire jouable. C’est une question de savoir qui vous servez … les personnages et l’histoire, ou le segment de l’auditoire qui est apparemment trop timide pour aller acheter une copie de Playboy, je n’ai honnêtement aucun intérêt à entretenir ce public. La réaction au premier numéro de Voodoo était fascinant pour moi, parce que c’était des gens qui ne pouvaient tout simplement pas accepter un numéro dans un club de striptease, et il y avait des gens qui regardaient au-delà et cherchaient à savoir pourquoi cela faisait partie de l’histoire. J’ai vu que l’épisode s’est fait taxer de sexiste et misogyne, et j’ai vu qu’il a été décrit comme étant subversif et intelligent. Encore une fois, tout le monde a sa propre définition de ce qui est sexy et quel en est l’exploitation. J’ai pensé qu’il était intéressant  de voir que les gens qui ont été agacés sur le sujet étaient invariablement bouleversés par le club de danseuses, et non par l’assassinat à la fin de l’épisode. Ce fut à peine mentionné. En fin de compte, en tant qu’écrivain je suis plus préoccupé par ce que les personnages font, et ce qu’ils pensent et ressentent, plutôt que comment ils sont habillés. Si je vous raconte une histoire à propos de Mata Hari, le sexe serait une partie de celle-ci, mais cela n’en ferait pas moins d’elle une femme forte. Ce serait en fait juste le contraire. “

De toute évidence, Marz a non seulement une expérience dans l’écriture des femmes fortes et sexy pour les bandes dessinées, mais il le fait avec succès. Et tandis qu’il n’est plus sur Voodoo, nous sommes vraiment impatients de voir ce qu’il a dans sa manche à l’avenir. Que pensez-vous du point de vue de Ron Marz ? Etes-vous d’accord avec ses réflexions sur la façon d’écrire un personnage féminin ?

Soyez sûr de revenir la semaine prochaine car nous poserons la même question à l’écrivain Greg Rucka (Batwoman , WONDER WOMAN ) afin d’obtenir son analyse sur la manière dont il scénarise les femmes fortes dans la bande dessinée.

A propos, toujours sur ComicVineune interview du nouveau scénariste de Voodoo, Joshua Williamson qui souhaite amener un peu plus d’action sur le titre, faire intervenir Grifter et Stormwatch et pourquoi pas si DC lui en donne l’opportunité, lui faire faire un tour à Gotham et pourquoi pas…. pourquoi pas…. (je sais que vous avez compris ce dont je veux parler)


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Katchoo86 982 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine