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Des résidants de Kahnawake disent NON au casino

Publié le 03 décembre 2011 par Alain Dubois

Comme ces prédécesseurs, le nouveau projet de casino dans la réserve aborigène de suscite une vive opposition au sein de cette communauté mohawk située en banlieue de Montréal. Plus d'une centaine de ses citoyens ont, en voiture ou à pied, manifesté sous la pluie hier leur désaccord envers ce projet mis de l'avant par le conseil de bande.

On se rappellera qu'un ancien chef du conseil de bande, Joe Norton avait tenté à deux reprises (dans les années 90 et début 2000) d'implanter un casino sur la réserve. Malgré ces échecs, le conseil de bande a contourné la volonté populaire en autorisant la création de nombreux établissements de jeu: salle de bingo; salons de poker; hébergement web de casinos «illégaux». Des établissements dans lesquels, il semble, que plusieurs membres des conseils de bande de l'époque, dont Joe Norton ont des parts. Ce dernier a toujours été un des plus ardents promoteurs de la présence d'établissements de jeu dans la réserve. Il a cofondé la Kahnawake Gaming Commission et il est (ou a été) un des importants actionnaires d'Absolute Poker.

Les opposants en avaient long à dire envers l'entêtement du conseil bande à ne pas respecter les résultats des deux précédents référendums. Une des porte-parole, Mme Carlene Deer, a exprimé à l'actuel Grand chef Michael Delisle sons ras le bol face à cette attitude du conseil de bande: «Quand les gens disent non par un référendum, ça veut dire non. Ce que vous faites c'est contre la loi, c'est contre notre loi». Ils scandaient des slogans tels que «Nous ne voulons pas de casino»; «Nous voulons protéger les générations futures»; «Pourquoi faire un casino à Kahnawake, il y en a un à Montréal?». Pour ces citoyens qui réclament l'arrêt des procédures du projet, «un casino n'est pas une bonne façon de rapporter de l'argent pour la communauté. Il faut créer des emplois pour nos jeunes qui vont leur permettre d'avoir une belle carrière».

Les propos de Mme Deer en disent long sur la situation qui prévaut dans ce territoire mohawk ou ni les traditions ancestrales de la communauté, ni les lois canadiennes sont respectées. Les gouvernements québécois et canadiens sont les premiers responsables de cette malheureuse situation puisqu'ils refusent de faire appliquer les lois en matière de jeux de hasard et d'argent (gambling) à Kahnawake. Un jugement de la Cour suprême du Canada (Pamajewon : 1996) a pourtant déjà confirmé que l'implantation de casinos et autres établissements de jeu au sein de territoires gérés par aborigènes du Canada n'est pas reliée à un droit ancestral.

Rappel des faits

Pamajewon et Jones sont membres de la Première Nation ontarienne de Shawanaga. Ils avaient tous deux organisé un bingo et d’autres activités de jeux de hasard dans la réserve entre 1987 et 1990. En mars 1993, ils sont reconnus coupables d’avoir tenu une maison de jeu, contrairement au paragraphe 20 -1- du Code criminel.

Dans le jugement le juge Lamer conclu :

«La preuve présentée (…) n’établit pas que les jeux de hasard ou la réglementation de telles activités faisaient partie intégrante de la culture distinctive de la première nation de Eagle Lake».

Pour la juge L’Heureux-Dubé :

«Compte tenu de la preuve présentée, il est impossible d’affirmer que les jeux de hasard, en tant que pratique, ont un lien suffisant avec le sentiment d’identité et le désir de préservation des sociétés autochtones auxquelles les appelants appartiennent pour justifier de reconnaître à ces activités la protection du paragraphe 35».

Le jugement de la Cour suprême est explicite, les mohawks, tout comme les autres nations aborigènes du Canada ne possèdent pas le droit d'exploiter ou de gérer des établissements de jeux d'argent et de hasard. Tous ceux qui exploitent, gère et fréquente un des nombreux établissements de jeu d'argent et de hasard dans la réserve mohawk de Kahnawake enfreignent la loi et commettent un acte criminel.

Une justice à deux vitesses

Dans un état de droit, tous les citoyens doivent, en regard de la justice, être traités également. L'absence de volonté politique de faire respecter les lois dans les territoires mohawks correspond non seulement à un grave déni de justice pour les citoyens mohawks respectueux des lois (la grande majorité) et les autres citoyens du Québec, mais aussi une grave atteinte aux valeurs démocratiques, puisque dans un état de droits, il ne saurait y avoir deux justices et deux catégories de citoyens.

Un meilleur avenir pour les jeunes

Il est triste de constater que l'économie de ces fiers mohawks repose sur des activités illicites: vente de tabacs et d'alcool de contrebande; établissement de jeu (gambling), etc. On peut comprendre qu'une franche de plus en plus importante de la population s'oppose à ce type d'activité économique proche des milieux criminels et qu'elle revendique de véritables emplois pour les jeunes.

À LIRE: Le projet de casino à Kahnawake serait hors la loi


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