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Une esthétique médiatique de l’histoire

Publié le 30 janvier 2008 par Gregory71

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Il y a ces surprenantes photographies en couleur que l’on peut trouver ici ou là.

L’étrangeté du sentiment face à de telles images est sans doute liée au fait que l’histoire loin d’être une émanation du temps passé d’individu à individu est une construction produite par des traces matérielles indirectes et le plus souvent techniques: écriture en tout genre, photographies, etc. De sorte qu’une période, du fait de l’historicité des techniques, est perçue par nous au regard des moyens techniques dont elle disposait pour s’enregistrer et se livrer à nous.

Imaginons une photographie datant du 16ème siècle, assurément cette image nous semblerait fausse, truquée car la correspondance entre le référent et sa temporalité technique serait désajustée. Plus encore, ce que nous verrions sur cette photographie, aussi exacte soit-elle, nous apparaîtrait comme sonnant faux car nous n’avons pas accès à ce siècle par l’intermédiaire de cette technique.

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Nous voyons ainsi que la technique conditionne pour une grande part l’esthétique historique, c’est-à-dire la manière dont nous percevons (indirectement par des traces) et dont nous nous représentons une époque passée. La technique est au coeur de l’héritage, de l’époché et de ce qui relie et délie une génération à une autre génération. Il est dès lors absurde de limiter la technique a une fonction strictement instrumentale car elle performe bel et bien notre relation au passé et au futur. Nous savons que notre présent technique permettra d’enregistrer de telle ou telle manière nos expériences, nos existences, en effectuant une réduction esthétique conséquente. A partir de ce présent de la technique, nous élaborons le futur antérieur de l’esthétique historique.

Notre sentiment de réalité, ce qui nous fait tenir pour quelque chose de réel une expérience que nous n’éprouvons pas directement, est fondée pour une part sur la transmission technique qui permet d’accorder foi ou pas à un temps toujours passé (puisque je ne le vis pas moi-même) qui est la conjonction entre l’histoire des techniques et l’histoire à laquelle je crois.

Imaginons à présent ce que nous souhaitons laisser, cernés par la mémoire informatique, par les bases de données qui s’infiltrent dans nos relations les plus personnelles, par la photographie numérique. La question ne serait-elle pas alors non pas comment tout enregistrer mais comment effacer, perdre, détruire pour ne pas saturer la mémoire de ceux qui ne sont pas encore?


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