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Tu as passé de bonnes vacances avec votre famille ?

Publié le 19 janvier 2008 par Zozo

- Oh oui, splendides, ensoleillées et reposantes ? Et vous euh toi ? Au fait, on se tutoie ou on se vouvoie ?
Qui n'a pas déjà rencontré cette situation ? Ah le Français, une langue riche ... et un peu trop parfois !

Au premier contact, ne jamais tutoyer. En entreprise, même si c'est un stagiaire qui accueille un petit nouveau, et même on sait pertinemment que le vouvoiement ne va pas durer plus de 2 minutes, on vouvoie ! Sinon, et spécialement si on est jeune, c'est l'étiquette "mal élevé" qui est collée au mieux, au pire on le prendra pour un guignol !
Le passage du tutoiement au vouvoiement se fait ensuite. Mais là, quelques règles à suivre si par exemple tout le monde se tutoie dans le secteur :

  • seul celui qui est supérieur hiérarchiquement et/ou plus âgé a le droit d'engager le tutoiement,
  • l'inférieur devra ne surtout pas rater cette occasion du passage pour lancer une magnifique phrase avec un vous imparable : "Quand êtes vous disponible pour la prochaine réunion ?". Et là, le supérieur doit répondre habilement "on peut se tutoyer, tu sais".

Le "vous" clair et net doit être dit dans la même conversation pour lever toute ambigüité, et il faut espérer que le supérieur soit suffisamment alerte. Sinon, c'est le casse-tête absolu avec obligation de faire des phrases qui évitent le vouvoiement : "on se revoit quand pour la prochaine réunion, des disponibilités ?". Et dans le pire des cas, la catastrophe peut arriver : un retour en arrière du collègue / supérieur qui a engagé le tutoiement et qui, voyant que l'interlocuteur ne passe pas au tutoiement, repasse au vouvoiement !
D'autres cas plus complexes encore peuvent se produire :

  • le supérieur hiérarchique est plus jeune que ses collaborateurs,
  • la hiérarchie n'est pas directe et donc non établie (ex : vous allez voir le chef d'un autre secteur),
  • des personnes d'un même secteur connaissent différemment des personnes d'un autre secteur, et donc certains se tutoient, d'autres se vouvoient.

Dans le premier cas, les choses sont simplifiées si le supérieur hiérarchique vouvoie tout le monde. Mais le problème se pose alors si un collaborateur tutoie "le jeune", façon ostensible de dénigrer son autorité ! Le cas devient complexe, et autant l'affirmation "tu peux me tutoyer" est naturelle, la remarque "je préfèrerais qu'on se vouvoie" peut très mal passer !
Le deuxième cas n'est pas simple non plus : si personne ne sait s'il a la légitimité de passer au tutoiement, le vouvoiement peut perdurer bien plus longtemps que la normale !
Je pense que chacun a dû expérimenter ces situations qui ne sont pas si simples à gérer. En effet, l'utilisation du "tu" ou du "vous" a réellement du sens en Français. On ne peut pas tutoyer n'importe qui, et le vouvoiement peut paraitre suranné ailleurs ! Utilisé habilement, cela peut être une arme : le vouvoiement pour poser clairement une distance entre les interlocuteurs, le tutoiement pour engager une "cordialité" (chère aux entreprises !), ou même pour dénigrer les compétences ou le poste d'un nouveau venu.
En guise de conclusion, une petite question : a-t-on réellement besoin de cette complication langagière qui renforce la hiérarchisation de la société ? Et question subsidiaire : la hiérarchisation de la société est-elle positive ou négative ?


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