Avant de quitter Gumla et notre « guest house » située dans le parc du collège Saint Ignace, tenue de main de maître par les Jésuites (dès leur arrivée nous voyons les élèves en rang et en uniforme effectuer des mouvements de gymnastique afin de les mettre en condition avant la rentrée dans les classes) nous discutons un moment avec le père de Brouwer d’origine belge et depuis plus de 20 ans dans la région. Il a l’esprit très ouvert –au delà des questions religieuses - et il nous explique que le but à atteindre dans l’aide aux peuples tribaux est de les amener à ce que les changements et les décisions viennent d’eux-mêmes et non de l’aide extérieure. Selon lui la situation dans la région s’améliore petit à petit et les cultivateurs ne meurent plus de faim. C’est son opinion mais nous rencontrerons par la suite des travailleurs sociaux qui ne sont pas de cet avis ! Qui croire ? Nous faisons ensuite une visite, hélas trop rapide, d’un très beau musée des peuples tribaux situé dans le parc du collège réalisé par un autre père jésuite avec des fonds hollandais.
Notre guest-house et le monument à la gloire des peuples tribaux
devant l'entrée du musée
Le père jésuite créateur du musée, toujours présent
et qui a accomplit un travail immense de collecte
pour ce splendide musée
Les peuples tribaux, qui peu à peu sont rejetés de leur propre contrée.
La grande fresque en mosaïques du mur d'entrée du musée
Des peintures sur les murs retraçant la vie quotidienne ; des maquettes, des outils etc.… le tout très intéressant mais il nous manque du temps et des commentaires.
un exemple de village tribal Khuntkatti
Sur la route de Gumla, de passage à Ranchi nous nous arrêtons pour rencontrer des représentants d’une organisation qui œuvre pour le développement des terres sous exploitées ou dévastées (SPWL society for promotion of wasted land). C’est une association indienne répartie sur 13 états (dont le Jharkhand) et financée par des fonds philanthropiques indiens et européens (Hollande, Allemagne, Suisse, Suède…) versés pour des projets bien définis. Ils travaillent également avec d’autres associations (comme EKTA PARISHAD et Birendra qui nous a organisé ces rencontres si instructives) qui ont pour but de défendre les droits des peuples tribaux qui ont été expulsés de leurs terre par des industries ou des mines. La loi exige, qu’une fois l’exploitation abandonnée, les terres de la mine soient réhabilitées mais ce n’est que rarement réalisé et c’est à ce genre de combat que ces organisations se consacrent. Nous aurons l’occasion demain de voir une mine de charbon à ciel ouvert et de voir combien les terrains ont été laissés tels quels. Le SPWL s’attache aussi à la recherche de nouvelles semences (essentiellement de riz) et à la promotion chez les paysans du SRI (system of rice intensification) méthode de culture très prometteuse qui consiste à planter le riz en lignes moins serrées de manière à pouvoir y passer une petite charrue à main ce qui permet d’obtenir un bien meilleur rendement. Nous quittons ces représentants du SPWD avec regret tant leur enthousiasme est grand et leurs projets intéressants. En chemin, sur la grande route nous croisons de pauvres hères poussant péniblement leur vélo chargé d’énormes sac de charbon (4 à 500 kg) qu’ils emmènent au prix d’efforts qui nous semblent surhumains dans des villes situées parfois à 80 km (2 jours de marche). Lorsque les mines sont désaffectées ils ont la possibilité de récolter gratuitement le charbon de seconde qualité et d’aller le vendre pour leur compte là où on veut bien le leur acheter. Mais au prix de quels efforts !!!!
Nous terminons cette journée bien remplie par un énorme embouteillage sur la route mais notre chauffeur imperturbable, à coups de klaxon et de dépassements illicites, finit par nous amener sains et saufs à Hazaribagh.
Merci à Marie-Thérèse, Jacqueline et Chantal pour leur compte-rendu de ce jour !