La Commission des Affaires sociales, puis le Sénat, suivant l'avis de la rapporteure Laurence Cohen, viennent de rejeter le budget de la MILDT (Mission Interministérielle de Lutte contre les drogues et la toxicomanie), jugé insuffisant et mal réparti, trop orienté répression, insuffisamment prévention.
La mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt) est placée sous l'autorité directe du Premier ministre, et a pour rôle de coordonner la politique gouvernementale. Son budget est de plus de 23 millions d'euros pour 2012 complété par un fonds de concours alimenté par le produit de la vente des biens saisis aux personnes condamnées pour infraction à la législation sur les stupéfiants.
L'Avis de la sénatrice Laurence Cohen, fait un état des lieux préoccupants de la situation des drogues illicites française avec une modification de la consommation, avec recul de certaines substances mais percée de plusieurs autres (de la cocaïne par exemple), une dégradation du suivi sanitaire de populations fragilisées et une insuffisance de mesures de prévention contre les risques épidémiques liés aux hépatites.
Une action trop limitée à la « systématisation de la réponse judiciaire à l'usage illicite de drogues » :Alors que le plan gouvernemental de lutte contre les drogues et les toxicomanies promeut une approche intégrée du problème de la consommation des substances addictives, le rapport déplore quela MILDT se focalise de manière rigide sur la stricte application de la loi : Ainsi, 35 % de ses crédits vont à la police, 25 % à la gendarmerie, 20 % à la justice, 10 % aux douanes et seulement 10 % aux actions de prévention. Une prévention trop insuffisante auprès des jeunes, cantonnée à des campagnes d'information sur les conséquences de la consommation de drogues, peu ouverte auxinterventions en milieu scolaire et à la formation des enseignants et en milieu professionnel. En bref, selon les chiffres communiqués par la Mildt à la sénatrice, 96 % des mesures contenues dans le plan auraient été mises en œuvre, des mesures essentiellement répressives,
De nature à éloigner certains publics des dispositifs de réduction des risques et de soin.
L'avis souligne, une nouvelle fois, après les Associations et l'Inserm, la situation dramatique dans les prisons françaises et rappelle que quelque 3.300 détenus sont atteints de l'hépatite C, soit une prévalence d'environ 7 %, 1.700 de l'hépatite B et 800 du VIH.
La MILDT devrait s'inspirer de l'expertise collective Inserm sur la réduction des risques c'est-à-dire une politique de prévention fondée sur la réalité des risques constatés, répondant aux besoins des usagers de drogues y compris aux groupes les plus précaires dans un esprit d'égalité d'accès à la prévention et aux traitements de substitution. En conclusion, « En raison de la répartition, de l'utilisation et de l'insuffisance des crédits de l'action « Mission interministérielle de lutte contre la drogue et
la toxicomanie (Mildt) » du programme « Coordination du travail gouvernemental » de la mission « Direction de l'action du Gouvernement », la commission a donné un avis défavorable à leur adoption ».
Sources: Communiqué Infodrogues, Avis n° 109 (2011-2012) de Mme Laurence Cohen, fait au nom de la commission des affaires sociales, déposé le 17 novembre 2011, Inserm Expertise collective sur la Réduction des risques chez les usagers de drogues
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