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Un monde de moins en moins égalitaire : Le Canada fait pire que la moyenne des pays de l'OCDE

Publié le 05 décembre 2011 par Plusnet
Un monde de moins en moins égalitaire : Le Canada fait pire que la moyenne des pays de l'OCDE

Les inégalités de revenus entre riches et pauvres ne cessent de croître partout dans le monde. La situation est d'autant plus préoccupante, dit l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), que les mécanismes de répartition de la richesse s'avèrent aussi de moins en moins efficaces, particulièrement au Canada.
«La croissance des inégalités est devenue un problème universel», s'alarme le secrétaire général de l'OCDE, Angel Gurría, en introduction d'un rapport sur le sujet de presque 400 pages dévoilé aujourd'hui. «Il n'y a rien d'inévitable à l'ampleur et à l'escalade de ces inégalités», a-t-il ajouté.
En moyenne, les 10 % des plus riches ont désormais un revenu neuf fois supérieur à celui des 10 % les plus pauvres dans les 34 pays membres de ce club des économies développées, rapporte-t-on. Cette proportion n'a pas cessé de croître ces dernières années, passant de 10 pour 1 dans les années 80, à 12 pour 1, dans les années 90, puis à 15 pour 1 aux États-Unis, mais aussi de 5 pour 1 à 6 pour 1 en l'espace de 20 ans dans des pays plus égalitaires, comme la Suède, l'Allemagne et le Danemark, ou encore de 8 pour 1 à 10 pour 1 durant le même temps au Canada. Même les pays en voie de développement en sont victimes.
Déjà décrit dans un premier rapport de l'OCDE en 2008, mais encore plus observable aujourd'hui, ce phénomène est attribuable à plusieurs facteurs, dont les changements technologiques. Les gains de productivité et la création de richesses qui en a découlé ont, en effet, principalement profité aux travailleurs les mieux formés et déjà les mieux payés.
Ce groupe de privilégiés a aussi profité de l'adoption par la plupart des pays de politiques visant à rendre leurs marchés du travail plus flexibles et plus compétitifs. Ces mesures, qui se sont souvent traduites par des règles d'embauche et de mises à pied plus souples, des normes plus souples, des contraintes plus grandes à l'égard des syndicats et un salaire minimum plus faible, semblent bien avoir atteint leur objectif de création d'emplois. Le problème, observent les auteurs, est que ces nouveaux emplois sont souvent ceux de travailleurs autonomes ou à temps partiel moins bien rémunérés. De l'autre côté du spectre, les grandes multinationales et institutions financières se sont livrées à une surenchère pour attirer les meilleurs talents débouchant, constate Angel Gurría, sur «l'émergence d'une culture où le gagnant remporte toute la mise».
Quelques facteurs ont fait contrepoids à cette tendance lourde vers un écart croissant des revenus de marché. L'entrée d'une plus grande proportion de femmes dans la population active a amélioré le sort économique de bien des ménages. Aux États-Unis, les plus pauvres multiplient les petits emplois pour essayer de maintenir leur pouvoir d'achat.
Pire au Canada
Il existe un autre puissant moyen pour réduire les inégalités, rappelle l'OCDE: la fiscalité et les programmes sociaux. Les baisses d'impôt et le resserrement des règles des programmes sociaux ont toutefois considérablement réduit ce pouvoir égalisateur. Du milieu des années 80 au milieu des années 90 dans les pays de l'OCDE, ces outils publics arrivaient, en moyenne, à faire contrepoids à 60 % des nouvelles pressions inégalitaires venant du marché. Ce pouvoir n'est plus que de 20 % aujourd'hui.
Le recul s'avère encore plus marqué au Canada, rapporte-t-on. Autrefois comparable aux meilleurs pays en la matière qui se trouvent en Europe du Nord, ce rôle des pouvoirs publics canadiens est passé de plus de 90 % à un peu plus de 20 %. Cette dégringolade est beaucoup plus attribuable à la réduction des prestations d'assurance-emploi, d'assurance sociale et autres transferts calculés en fonction des besoins, qu'aux réductions d'impôt, expliquent les auteurs.
Seulement diffusé en anglais pour le moment et intitulé: Divided We Stand, le rapport de l'OCDE ne s'arrête pas à faire de distinction entre les provinces canadiennes. On sait toutefois que le Québec est généralement exposé aux mêmes forces que les autres économies, mais que ses mécanismes de répartition de la richesse sont restés plus efficaces qu'ailleurs au pays.
«La crise économique a rendu le problème des inégalités encore plus urgent qu'il ne l'était déjà, constate Angel Gurría. La cohésion sociale s'effrite dans plusieurs pays. [...] L'incertitude et le sentiment d'iniquité ont gagné la classe moyenne à plus d'un endroit.»

Éducation et impôt

La meilleure façon de réduire les inégalités est encore le développement «de plus d'emplois, et de meilleurs emplois», affirme-t-il. Et la meilleure façon d'y parvenir reste le relèvement du niveau de formation des travailleurs par la mise en place d'un parcours scolaire complet et riche, du plus jeune âge à l'université, mais aussi sous forme de formation continue toute la vie durant.
Un retour vers une fiscalité plus progressive est également impératif. «La part grandissante des revenus qui va aux plus fortunés signifie que ce groupe dispose aujourd'hui d'une plus grande capacité qu'auparavant de payer des impôts [...] afin qu'ils contribuent à une juste part du fardeau fiscal.»
Plusieurs gouvernements ont d'ailleurs déjà commencé à se pencher sur ces questions, constate-t-il. Il n'est pas seulement question d'augmenter les taux d'imposition sur les revenus supérieurs. On envisage aussi de réduire l'évasion fiscale, de réduire le nombre et l'importance des crédits d'impôt qui profitent toujours plus aux riches, ainsi que de réformer d'autres formes d'impôt sur les propriétés et les autres formes d'actifs.
Source: LeDevoir

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