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Delanoë : le vrai (et triste) bilan

Publié le 05 décembre 2011 par Soseki

Il faut reconnaître une qualité à Delanoë. Sa capacité de communicant est immense : ainsi armé, peu lui importe la réalité de son bilan, il saura toujours mettre en avant ses quelques réussites et se rallier l’intégralité des médias moutonniers. Dans ce concert de louanges, qui ne risque pas d’être troublé par une opposition qui diminue chaque jour sa capacité à incarner plus tard une alternative, je voulais absolument signaler l’ouvrage détonnant de Dominique Foing, paru le mois dernier chez Denoël et intitulé « Comptes et légendes de Paris : bilan de la gestion de Delanoë ». Le propos, implacable, ne manque pas de crédibilité – son auteur étant proche de la gauche comme en atteste d’ailleurs sa biographie.

L’ouvrage débute sur une critique sans faille de la gestion budgétaire tristement typique d’une gestion socialiste : gaspillage généralisé de l’argent public, le tout dans un clientélisme évident – qui n’envie rien au clientélisme précédent. Comme le disait également cette semaine Jean François Martins, seul conseiller de Paris du Modem (par ailleurs crédité par l’auteur de l’ouvrage), Delanoë serait bien inspiré de tirer la leçon de ce qui se passe actuellement en France. S’il est vrai que jusqu’à présent le taux d’endettement de la Ville reste raisonnable, ce n’est en aucun cas une raison pour dépenser à tout va. Il s’agirait plutôt de faire des réserves pour le moment où les recettes des droits de mutation se tariront, ce qui finira bien par arriver un jour. Bien au contraire donc Delanoë a donc en 10 ans augmenté la masse salariale de la Ville de 42% (à comparer à une inflation de 17% sur la période). Pour faire face à cette augmentation sans précédent des dépenses de fonctionnement, c’est d’une part l’emprunt qui est sollicité et d’autre part la hausse de la fiscalité (+75% de produits fiscaux prélevés sur la même période sur le contribuable parisien). On est bien loin des promesses du premier mandat où Delanoë se targuait d’avoir laissé immobiles les taux des taxes locales, essayant de se forger une image de socialiste gestionnaire. Ceci n’était possible que grâce à l’explosion des droits de mutation, et une fois le calme un peu revenu sur le marché, il fallut bien concéder deux hausses de 10% consécutives de ces mêmes taux. Delanoë se voulait socialiste innovant, il est socialiste malheureusement classique.

En dehors de ce passage consacré aux finances locales, l’ouvrage dresse une liste assez complète des échecs de la politique municipale :

- la culture, où on ne compte plus les investissements hasardeux et les chantiers fiascos (104, cité de la mode – toujours vide à l’heure actuelle, maison des métallos)

- l’aménagement et l’urbanisme où l’ouvrage de D. Foing montre très bien que Delanoë brade la patrimoine de la Ville au profit d’Unibail notamment dans le chantier des Halles. A quoi cela sert-t-il de faire des moulinets en expulsant faussement Veolia et Suez des marchés de l’eau pour se défaire à vil prix du coeur de Paris au profit d’Unibail ?

- le logement, où la politique de façade ne fait plus illusion – les chiffres démontrant l’échec de ce dossier pourtant crucial

- les transports enfin où tout a été fait (couloirs de bus, trammways, velib, vogueo !) sauf ce qu’il fallait faire c’est à dire améliorer la qualité des transports en commun les plus saturés.

Pas étonnant dans ce contexte que Delanoë s’alarme du parachutage de Duflot, car il sait que son bilan est mauvais. S’il est certain que la droite ne pourra pas regagner Paris, Delanoë ou ses prétendants successeurs ont donc tout à craindre d’une campagne qui mettrait à jour le vrai bilan.


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