Après le Google phone, l’Iphone, voici le Windows phone ! Simple habillage marketing ou vrai changement de braquet ? Microsoft s’apprête à lancer à l’échelle mondiale une gamme de téléphone badgé Windows phone. Le géant de Seattle est présent depuis longtemps dans la téléphonie mobile, mais en dépit des ambitions affichées à son lancement fracassant en 2002, il ne s’est jamais vraiment imposé. Son système d’exploitation, Windows Mobile équipe moins d’un smartphone sur 10, — 9 % au deuxième trimestre 2009 —, et il est en recul, derrière Symbian (Nokia) et Blackberry.
Avec sa nouvelle version, jurent les vernis qui ont eu droit à une démonstration en avant-première, les positions pourraient s’inverser. Jusque-là surtout présent chez les professionnels, Microsoft vise avec son Windows phone, le marché en plein essor du grand public. Prudent, Microsoft s’est assuré d’entrée, la coopération d’une belle brochette d’équipementiers. A l’instar de Google et de son système d’exploitation baptisé Android, Microsoft n’entend pas fabriquer des mobiles. Il a choisi plutôt de s’associer à tous les grands noms : Samsung, Sony Ericsson, LG, HTC, mais aussi dans le monde de l’informatique, Acer, HP, ou Toshiba.
Même bras largement ouverts pour la distribution du Windows phone. Microsoft s’est assuré le concours du réseau le plus large, en s’associant pour le lancement à seize opérateurs. Il prend ainsi le contre-pied d’Apple et de son Iphone, qui avait misé au lancement sur des contrats d’exclusivité. En France, Bouygues Télécom, Orange et SFR seront de la partie avec une grosse visibilité chez SFR. Nicolas Petit, directeur mobilité chez Microsoft, insiste sur « l’approche plus ouverte et plus démocratique » de Microsoft comparé à un rival comme Apple et « son expérience utilisateur très contrôlée ». Et il promet à fin octobre le choix dans les boutiques entre une dizaine de Windows phone différents.
Alors que chaque version de son Windows Mobile – la dernière, le 6.0 était sortie en 2007-, constituait une sorte de toilettage de la précédente, la petite dernière, la 6.5 annoncée pour octobre prétend révolutionner les services. Ergonomie en net progrès, navigation plus efficace, service gratuit de synchronisation et de sauvegarde des données, et bien entendu, copiant le mouvement initié par Apple et son Apple Store, une boutique d’applications pour les Windows Phone. Des passerelles instantanées vers Facebook, MySace, et les widgets... Microsoft louche aussi vers les nouveaux usages du net, rendus depuis peu ultra-accessibles depuis l’incursion d’Apple et de Google sur le mobile. Quant aux applications phare du monde Microsoft (messagerie Outlook, la suite Office, ou le tchat avec messenger....), elles ont été améliorées. « Il a vraiment mis le paquet », dit-on chez Phone House, un gros réseau de distribution.
Depuis l’irruption de l’Iphone (13,3 % du marché)et plus récemment, le débarquement de Google (moins de 2%)qui bousculent chacun à leur façon les codes de la planète mobile, Microsoft est soumis à une concurrence féroce sur les smartphones, son marché de prédilection. Autre bonne raison pour Microsoft de pousser la voilure, les smartphones se jouent de la crise, avec la démocratisation de l’Internet mobile. Alors qu’au deuxième trimestre 2009, les ventes de portables ont reculé de 6,1 %, par rapport à 2008, celles des smartphones ont bondi de 27%, avec 40 millions de terminaux écoulés.