L'artillerie lourde de communication de la Voix de son Maire ® a pilonné à nouveau les médias pour la deuxième inauguration d'Autolib' en deux mois ( puisque la phase de test avait été vendue à la presse comme une inauguration en octobre dernier ).
Cette offensive de propagande est l'occasion pour le Delanopolis de refaire un point sur cette hasardeuse et coûteuse expérience. Et de relever avec consternation que Lepetit s'assied effrontément sur le principe de précaution !
Non, vous ne rêvez pas : le nouveau symbole de mobilité delanoisée est immatriculé en Bretagne ! Bolloré est fier de ses origines, reconnaissons-le. Mais le Paris-Brest, n'est-ce pas un dessert un peu bourratif ?
Il faut croire que oui, si l'on regarde d'un peu plus près le montage financier dont les contribuables parisiens risquent fort de faire les frais, une fois de plus.
D'abord, à raison de 700 stations et de 50 000 euros de subventions par station, la contribution de la ville s'élèvera à 35 millions d'euros et non 25 ou 30 comme annoncé initialement.
A ce sujet, outre les 35 millions de la ville et les 50 millions promis par la région Île-de-France, il a souvent été dit, en la présentant comme une bonne affaire pour les Parisiens, qu'un financement de 130 millions d'euros a été également consenti par la Banque européenne d'investissement.
Mais deux détails ont été un peu rapidement évacués. D'abord, cette somme est un prêt et non une subvention. Ensuite, cette avance tarifée est faite à Bolloré pour la fabrication de ses batteries et non au syndicat mixte Autolib'. Ainsi, la part réelle de l'aide de la ville de Paris dans les subventions d'Autolib' stricto sensu est beaucoup plus importante qu'il n'a été présenté. Et, surtout, si l'expérience Autolib' échoue, Bolloré pourra toujours continuer à financer au meilleur compte ce qui l'intéresse réellement : le développement de la batterie solide lithium-métal-polymères à installer sur ses véhicules ou même à vendre à d'autres constructeurs. Autolib' aura été en quelque sorte un moyen d'emballer son dossier.
Or, les risques d'échec financier sont considérables. L'embauche de 1 000 accompagnateurs pour réguler le système fait que cette location n'est plus du libre-service, comme annoncé initialement, mais un banal louage de véhicules. Cela conforte l'argumentaire des professionnels du secteur qui parlent de concurrence déloyale et ont d'ailleurs introduit un recours sur ce fondement au Tribunal administratif. Ces recrutements à mi-temps et payés au SMIC ( avec du travail de nuit et le week-end, ne le dites surtout pas aux bobocialistes ) vont, par leur ampleur, coûter cher. Les prévisions de dépenses à 80 millions d'euros annuels paraissent bien faibles, notamment si l'on veut considérer le coût prévisionnel énorme de la maintenance et des réparations.
Surtout, pour atteindre l'équilibre financier, Bolloré a tablé sur des hypothèses héroïques fortement mises en doute par le Centre d'analyse stratégique, un organisme officiel, qui a rendu le 15 juin dernier un rapport intitulé ; "La voiture de demain : carburant et électricité."
Hélas, c'est plutôt du côté du scénario pessimiste qu'il faudra aller regarder car, malgré tout le bourrage de crâne municipal, le médian présuppose qu'il y ait autant d'abonnés Autolib' que Vélib' dans ses meilleurs mois et que les véhicules soient fortement sollicités : quatre heures par jour c'est déjà beaucoup au vu des temps de recharge de la batterie et des déplacements pour réassortir les stations vides.
Or, Bolloré ne s'est engagé à couvrir les pertes du système qu'à hauteur de 60 millions d'euros au maximum ce qui serait atteint en une seule année dans le scénario pessimiste. Après, ce sera pour la pomme municipale.
Bref, encore une traite sur l'avenir signée par Delanoë qui va laisser autant de bombes budgétaires à retardement aux Parisiens qu'il prononce le mot "citoyen" dans un discours.
Mais il y a plus inquiétant encore. Comme le rapporte le Parisien, dans son édition du 6 décembre, depuis juin, un doute existe sur la sécurité des stations Autolib' en sous-sol. L'Institut national de l'environnement industriel a souligné les risques d'incendie des batteries des véhicules électriques. Les ministères de l'Environnement et de l'Intérieur ont donc décidé de mener des études approfondies avant d'autoriser l'installation de bornes de recharge des voitures dans les parkings souterrains et des tests d'inflammation ont été réalisés sur les batteries et les véhicules. A l'issue de ces essais, ils doivent établir une liste de recommandations sur l'aménagement des stations pour limiter les risques d'incendie et d'émanations toxiques.
Or, nous apprend Marianne Gairaud : " ce processus (est) beaucoup trop long au goût de la mairie de Paris et du groupe Bolloré, qui ont décidé de braver l'interdit en ouvrant dès hier deux stations en sous-sol: une à Levallois (92) et l'autre à Saint- Maurice (94).
«On ne pouvait pas attendre ad vitam aeternam. Il faut que le dossier avance. Nous attendons des réponses depuis cet été tout de même ... » fait valoir Annick Lepetit."
Il faut se pincer pour le croire. Ces donneurs de leçons qui parlent sans cesse de respect des règlements quand cela les arrange et réclament des sanctions contre les conducteurs mal stationnés décideraient-ils de s'asseoir sur la loi et de passer en force au mépris du plus élémentaire principe de précaution ?!
Les tests de Bolloré, groupe privé, sont donc plus fiables et peuvent se substituer à ceux des laboratoires publics ? Et ce sont des "socialistes", grands contempteurs des entreprises et soi-disant défenseurs du service public qui s'en accommodent !
Magnifique. Mais la priorité suprême des delanoistes, c'est que le spectacle de la com' ne s'arrête jamais, nos lecteurs le savent bien.