Magazine Journal intime

José ! Un pastis !

Par Eric Mccomber
Modestine, je reviens. Ne chie pas sur le lit, s'il-te-plaît.
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J'entre dans la 55 sur Saint-Laurent, l'autre soir. Atmosphère très tendue. Il y a un type bourré qui hurle en espagnol, une tentative de chanson, vaguement merengue. Je passe à côté de lui pour me rendre aux fauteuils du fond et il m'interpelle, agressif.
— ¿ Y tu ? ¿ Y tu ? ¿ Y TU ?
Je le considère calmement tout en poursuivant ma route.
— Yo. Nada mas. ¿ Y usted ?
— Nada ma', ja, ja, ja. Nada ma'.
Je prends place. Il me suit du regard en continuant de martyriser sa chanson. Les voyageurs serrent les dents. Puis il me fixe et ajoute :
— ¿ 'Ta muy duro, no ? Muy duro.
— Ay lo siento Si señor. Si señor. Muy duro.
— ¿ De donde 'sta ?
Je remarque l'absence de « s ». Alors :
— Soy Quebecense. Pero señor… Estas Cubano ?
— Ay, 'i. 'I 'eñor.
— De Cienfuegos ?
— Ay. Matanza'. A 'erca de 'ien….
Notre conversation a apparemment désamorcé les craintes ambiantes. Les gens se détendent. Le type lui même se calme.
— ¿ 'Ta muy duro, no ? Muy duro.
— Si. Mas duro, siempre.
— Dema'iado duro. La chica' 'on loca'. Lo' hombre' 'on loco'. Trabajo, trabajo, trabajo. Nunca decan'aramo'. E' dema'iado.
— Si. Demaciado. Si.
— Gra'ia'. Gra'ia' por dame razón.
Je me lève, c'est déjà mon arrêt. Je pause devant lui un instant. Je le fixe intensément dans les yeux.
— Amigo. Se falta tiempo. Aqui es muy, muy duro. Pero se falta tiempo. Buena suerte.
Je passe la porte. Me voilà dans la petite tempête. La neige tombe oblique contre ma joue. Je marche vers le nord dans mon ancien quartier, comme j'ai marché jadis dans les rues de sa ville. Un pas devant l'autre. Nada mas.
***
Monsieur Biz, je regrette vraiment que mon livre vous ait ainsi mis en danger. Je vous aime bien, moi. Mais voilà, il semble qu'un important contingent de mes ex-copines, visées dans leur amour-propre par les propos insensés que vous avez inconsidérément osé tenir à leur endroit, en furie contre vous, courroucées, écumantes, furibondes, déchaînées et profondément insultées, s'apprêtent à vous rendre pied bot, à vous insérer un œil de vitre (l'histoire ne dit où), à vous édenter à froid et, surtout, à vous montrer de quel charbon elles s'enhardissent. Je ne sais si je dois vous plaindre ou vous envier.
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Je prends un ultime café aux Co'pains. Pour la première fois, j'ai la chance de véritablement mâcher le gras avec un vieux collègue et voisin plutôt sympathique et un peu à la dérive. À une journée du départ. Marrant, la vie. On se verra dans le monde, amigo.
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Halleluja de Cohen. Nada mas.
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Passé la semaine à trier et jeter ce qui reste des objets de ma vie. Un livre marquant, un cahier de notes, un manuscrit, un démo, une photo de mon vieux band ou d'une femme que j'ai aimé mais qui s'est enfuie vers d'autres univers ou d'autres états de la matière. Montagnes russes, glissades d'eau, big bonanza de bonmalheurs bien bombés.
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Une étoile féérique, une filante lumineuse, un rare ravissement. Déchirure annoncée, si. Mais nous avons été courageux. ¡ Valiente !Nous avons fait fi. Nous avons été héroïques. C'est devenu si inusité. En soi, c'est déjà le miracle. It is accomplished. Faérie, à bientôt.
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En sept semaines, j'ai réussi à rater quelques potes. Tabarnac, z'aurez qu'à passer me voir à Sauve, corniauds !
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Je retrouverai bientôt mon ami Edgar. La STM se défend bien, dans le genre bus-de-brousse. Pour ne pas dire bus-de-frousse. Un accident par jour depuis cinq ans, paraît-il. Ouh-ouhlah !
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Passé un après-midi intense à capter un long entretien avec le célébrissime ami Mistral cette semaine. C'est le pote de la nuit des temps Rwatuny qui s'est chargé de pixelliser l'image et le son. Et le Gom a cliqué croqué tout ça.
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Je tiens à remercier les Canadiens de Montréal pour leur médiocrité qui, sincèrement, contribue à alléger mon exil.
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On m'a reproché récemment la longueur inouïe de mes remerciements dans La Solde. Eh bien, la prochaine liste sera encore plus longue et je retiens une larme juste en songeant aux plus évidents. Mil gracias : Jean, Nancy, Suzanne, Denise & Fred, Guillaume & Andréanne, Pierre-Yves, Melissa, Jean-François, Julie-Jeanne, Matthieu, Geneviève T., Benoît, Mike, Laurent, Geneviève P., Stéphanie, Mélanie Q., Luce & Yves, la gang de la Courte, Valérie, John, Sarah, Pascale, Mélanie C., PIerre & Paul, Isabelle, Nicolas, Noémie, Vince, Nadine, Yvan, Brigitte, Gaétan Bo., Éva-Lou, Myriam, Gaétan Bl., Cybèle, Gaston… J'en oublie, merdre ! Et puis, bien évidemment, ma chère petite parèdre touraine, que je parviendrai peut-être à kidnapper, si le vent le veut.
—————© Éric McComber

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